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LA QUESTION DES LOYERS

La Chambre vient de voter, à propos de la question des loyers, une loi, on pourrait presque dire un code, tant est longue la série des cinquante-sept articles qui vont être discutés au Sénat. La question est si importante, elle touche un si grand nombre de Français, elle implique la solution de problèmes juridiques si graves, qu’il nous a paru utile de soumettre à un examen immédiat le projet tel qu’il est sorti des délibérations du Palais-Bourbon. Nous serions heureux que la haute Assemblée, aux délibérations de laquelle l’œuvre des députés va être soumise, voulût bien prendre en considération les observations que nous a suggérées l’étude d’un texte dont la portée dangereuse ne saurait d’ailleurs échapper à aucun de ceux qui prendront la peine d’en mesurer les conséquences.

Nous sommes à une époque extraordinaire, nul ne le sait mieux que nous, ni ne le sent plus profondément. Nous sommes pénétrés de cette idée qu’il faut, par tous les moyens possibles, venir en aide aux familles de ceux qui donnent leur vie pour le salut de la patrie. Mais nous sommes aussi persuadés que ce n’est pas au bouleversement d’une législation séculaire et tutélaire, à la destruction de principes admis librement et pratiqués volontairement par tous les Français depuis des générations, que l’on doit avoir recours pour diminuer les difficultés de l’heure présente. Il ne faut pas, sous prétexte de venir en aide à ceux qui souffrent, leur préparer pour demain des souffrances plus grandes encore. Il ne faut pas, en les déliant trop légèrement d’engagemens pris par eux, les exposer à ne plus trouver un jour l’abri qu’on voudrait leur assurer gratuitement aujourd’hui. Il faut avant tout respecter les principes fondamentaux