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envahis soient libérés, et que par suite leurs armées soient refoulées au delà des frontières que l’expansion germanique n’aurait pas dû dépasser.

Il y aura sans nul doute échelonnement dans les attaques et les efforts. L’habileté du commandement consistera à saisir au moment opportun les faiblesses et les défaillances de l’ennemi sur chaque front.

Nous sommes convaincus que dans un avenir, que tous voudraient prochain, mais qui dépassera la deuxième année de guerre, la victoire couronnera enfin l’union indissoluble des Alliés et donnera au monde la paix qu’il faut. Mais ce sera à une condition essentielle, celle qui résume toutes les autres : L’entente absolue entre les Alliés. L’union, l’alliance, ne seront ni relâchées ni rompues, malgré les perfides machinations de l’Allemagne et de quelques pacifistes irréductibles et aveuglés. Les Alliés sentent qu’ils sont désormais les maîtres de l’heure : les Neutres n’en doutent plus. Il importe que chacun reconnaisse les erreurs et les fautes passées et accepte la leçon des faits, et que les stratégies militaire et diplomatique obéissent à un mot d’ordre commun et impérieux. Ce mot d’ordre, nous le disons hautement, doit partir de la France. C’est elle qui a tenu le coup, — l’expression est vulgaire, mais elle est juste ! — et brisé à la fois le plan et l’orgueil allemands. Elle a donné l’exemple d’un effort national inouï dans l’histoire. Elle constitue par sa situation européenne, par sa modération, par son désintéressement, nous le répétons, et qui en douterait ? la grande force morale de la coalition. Elle reste la grande génératrice de foi, de lumière, de justice. Autour d’elle, les nationalités opprimées, et les Puissances alliées qui la soutiennent dans le combat pour l’humanité, attendent avec confiance les conséquences de la victoire, c’est-à-dire la paix européenne et mondiale fondée sur la ruine du militarisme et du féodalisme germaniques qui ont jeté à la mort des millions d’êtres laborieux et innocens.


Général MALLETERRE.