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sur la côte belge ou hollandaise. Mais une telle opération, que la maîtrise de la mer favoriserait sans doute, n’aurait de chances de réussite que si les Alliés avaient déjà fortement avancé en Belgique et si la Hollande se joignait aux Alliés. L’offensive générale sur le front occidental doit donc prendre la forme que nous indiquions : attaque frontale, d’abord uniforme » attaques plus violentes et sans trêve sur des secteurs déterminés, où se feront les poussées décisives.

On peut en dire autant du front russe. Il est également limité par la Baltique au Nord et par la Roumanie au Sud. Mais il est beaucoup plus étendu que le front occidental, par conséquent plus facile à rompre. Comme nous l’avons dit au cours de cet exposé, les effectifs austro-allemands sur ce front sont certainement inférieurs à ceux du front français. Les plaines molles et ondulées de la Lithuanie et de la Pologne sont favorables à la guerre de mouvement. Les armées russes reconstituées auront moins de peine que nous, semble-t-il, à ramener les Impériaux hors du territoire russe.

Le front italien est spécial : c’est la guerre des Alpes. Les Italiens ont essayé de le tourner par leur droite en attaquans Gorizia et le Carso, qui ouvrent à la fois les chemins de Trieste et de Laybach. On s’est étonné qu’ils n’aient pas, avec l’aide de leur flotte, enlevé Trieste et coupé l’Istrie de l’Autriche. On s’est étonné aussi qu’ils n’aient pas secouru à temps les Serbes et prolongé ainsi leur action sur le Danube. L’histoire fera plus tard la lumière sur ce point comme sur tout le reste. Le résultat de l’intervention italienne, en dehors du noble sentiment qui l’a amenée, a été de retenir la moitié de l’armée autrichienne sur un front nouveau. Il n’y a pas de doute que l’offensive générale n’arrive, sur le front italien, à faire reculer les Autrichiens [1], mais elle sera singulièrement aidée par l’offensive générale dans les Balkans.

De tous les fronts, celui des Balkans, réduit actuellement aux camps retranchés de Valona et de Salonique, paraît le plus propice à une offensive, sinon immédiate, du moins préparatoire à l’offensive générale des Alliés. L’armée bulgare de Macédoine et les corps turcs qui tiennent à sa gauche la Thrace

  1. Au moment où paraît cet article, une offensive autrichienne se dessine avec violence sur le front italien, en particulier du côté du Trentin. L’État-major de Berlin veut que les Autrichiens aient à leur tour leur Verdun !