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aurait été autrement préjudiciable aux flottes alliées, surtout dès les premières semaines de la lutte.

La guerre aérienne, comme la guerre sous-marine, s’est développée et s’est accrue avec la prolongation de la guerre. Les combats aériens sont devenus de plus en plus fréquens, et les adversaires ont rivalisé d’ingéniosité et de hardiesse. Les Allemands semblent s’être attachés à confier à l’aviation proprement dite la tactique de reconnaissances et de combats sur le front, et à pratiquer les bombardemens avec les grands dirigeables. Les Zeppelins ont fini par se substituer aux fameux Taubes pour lancer les bombes sur les villes ouvertes et les campagnes, dans ce parti pris de terreur et d’extermination qui est au fond des méthodes de guerre germaniques. Mais leur vulnérabilité les oblige à marcher et agir de nuit, leur action est incertaine, et les résultats obtenus sont tout à fait hors de proportion avec le coût de ces monstres de l’air et les pertes qui les éprouvent.

Nous et nos alliés, nous avons au contraire forcé notre production en avions spécialisés pour le but qu’ils poursuivent : bombardement, chasse, reconnaissances d’artillerie, exploration. Et on ne peut nier qu’actuellement nous n’ayons acquis un réel ascendant sur les pilotes allemands. Nos escadrilles aident puissamment le commandement et les troupes. Quoique la guerre aérienne soit encore limitée par les difficultés techniques de l’aéronautique, elle peut et doit devenir un des élémens de cette supériorité nécessaire à l’offensive générale, et il est à souhaiter que nous voyions des appareils nouveaux et très nombreux accompagner et précéder nos lignes, quand elles refouleront les Barbares.


Nous en arrivons maintenant à la partie la plus délicate de cette étude. De ce que nous venons de dire bien succinctement, nos lecteurs auront compris que l’offensive générale est rigoureusement subordonnée à la certitude de cette supériorité du nombre et du matériel indispensables. C’est parce qu’ils étaient aveuglément convaincus de la posséder que les Allemands ont lance on 1914 cette formidable offensive qui a failli submerger le théâtre de guerre occidental, et c’est quand nous, alliés, nous serons persuadés à notre tour que nous la tenons, qu’alors nous