Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 33.djvu/578

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exposé d’ensemble, reproduire et discuter les énumérations des armées et des divisions réparties entre les théâtres d’opérations d’Occident et d’Orient. Il paraît certain cependant que la plus grande partie de l’armée allemande est sur le front de France, que les armées opposées aux Russes comprennent un tiers d’Allemands et deux tiers d’Austro-Hongrois, et qu’il y aurait fort, peu d’Austro-Allemands dans les Balkans. Les Italiens retiennent devant eux peut-être la moitié de l’armée autrichienne.

A défaut de chiffres précis, nous avons pour apprécier la réduction des effectifs un élément important dans la constatation, absolument démontrée, que les Allemands ne peuvent plus former et organiser des unités de guerre complémentaires comme ils l’avaient fait dans le début.

C’est ainsi qu’après avoir mis en ligne en août 1914 plus de 50 corps d’armée, doublant par là l’armée de première ligne, l’état-major constitua, en octobre 1914, 6 corps d’armée nouveaux à 8 régimens ; ce sont ces corps, formés avec l’Ersatz-Reserve et les jeunes engagés du début de la guerre qui ont fourni les hécatombes de la bataille de l’Yser et des Flandres. En janvier 1915, 4 nouveaux corps à 6 régimens apparaissent, surtout en Pologne. En avril 1915, la matière neuve commence à manquer ; on forme des divisions à trois régimens, en ramenant à trois le nombre des régimens de la plupart des anciennes divisions ; c’est un simple remaniement de forces. En juin 1915, on est réduit à se contenter de 10 régimens nouveaux constitués avec des compagnies prises sur le front ou venant des dépôts. En juillet-août 1915, c’est le landsturm qui fournit quelques régimens.

L’armée allemande a donc atteint en 1915 son maximum de formations tactiques encadrées : elles sont encore alimentées par les blessés guéris, par les plus jeunes et plus anciennes classes, jusqu’à épuisement. Par conséquent, les Allemands doivent suffire au développement énorme de leurs opérations avec les armées actuellement en ligne.

Toutes les offensives qu’ils ont conduites, depuis le mois de mai 1915, avec une maîtrise qu’on doit reconnaître, tant sur le front russe qu’en Serbie et en dernier lieu contre Verdun, n’ont pu être réalisées que par prélèvemens d’effectifs sur d’autres fronts. En particulier, l’armée des Balkans, pompeusement appelée armée d’Egypte, a été organisée avec une dizaine de