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croissent pendant que celles des Impériaux décroissent. C’est exact et cela mérite l’attention.

On a cherché souvent à estimer, dans des articles de presse et de revues, les effectifs globaux des belligérans et les disponibilités restantes à telle et telle date. Comme il s’agit de millions d’hommes, les calculs et les chiffres présentent des écarts considérables. Le système de la nation armée mobilise tous les hommes valides, de l’âge adulte au terme de l’âge viril, de vingt à quarante-cinq ans. Mais les nécessités de guerre font entrer en ligne de plus jeunes et plus vieilles classes, et la contribution humaine s’élargit ainsi de dix-sept à cinquante ans.

Pour l’Allemagne, par exemple, les estimations ont varié de 13 millions à 8 millions environ d’hommes mobilisés. Une erreur commise fréquemment a été de prendre pour base des calculs le chiffre de la population en 1914, plus de 65 millions. Or, les plus jeunes classes appelées : 1916-1917, remontent pour la naissance aux statistiques de 1896-1897, qui donnaient une population de 53 millions environ. On s’accorde à peu près aujourd’hui à fixer le rendement de la mobilisation allemande entre 9 et 10 millions d’hommes.

La même proportion appliquée à la France fournirait plus de 6 millions d’hommes, puisque en 1896 la population de la France était de 38 millions, à peu près égale, on le sait, hélas ! à celle de 1914. Et il est facile de remarquer à ce sujet combien le fort accroissement régulier de la population allemande aurait fait dans moins de vingt ans pencher le plateau de la balance des forces ; les naissances de 1914 auraient donné à l’Allemagne en 1934 plus de 12 millions de soldats. Cette simple observation montre combien il importe d’abattre le militarisme allemand pour éviter qu’il reprenne l’œuvre de domination manquée, quand ses forces numériques se seront rétablies.

On peut établir des évaluations du même ordre pour toutes les armées belligérantes et on arrive ainsi à des totaux qui font frémir. Cette guerre met aux prises plus de 50 millions d’hommes !

Ne nous laissons pas cependant abuser par ces miroitemens de chiffres colossaux. Le nombre des combattans importe, mais ce sont leurs qualités guerrières qui décident de la victoire. Or, il a été toujours acquis que, dans toutes les armées, la valeur des combattans diminue avec l’âge. Les jeunes gens forment