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LES CONDITIONS
DE
L’OFFENSIVE GÉNÉRALE

A mesure que s’effondrait le plan d’attaque de Verdun, la presse allemande variait ses commentaires et passait de l’hyperbole du début à des considérations de plus en plus modérées et explicatives sur les péripéties d’une affaire désormais manquée. Tantôt c’était le siège de la forteresse que poursuivait, suivant les méthodes régulières, avec une lenteur voulue, un État-major soucieux de réduire les pertes (!), tantôt c’était une simple rectification des positions pour dégager les communications allemandes gênées par le saillant Nord de Verdun. Aujourd’hui, la note dominante est celle-ci : l’attaque de Verdun n’est qu’une attaque préventive, destinée à devancer et à enrayer l’offensive générale des Alliés, et dirigée particulièrement contre l’armée française, dont elle devait user prématurément les réserves disponibles. Nous ne demandons qu’à admettre cette thèse, car elle serait la confirmation incontestable de l’échec allemand. Les Neutres ne s’y sont pas trompés d’ailleurs.

Si l’offensive montée contre Verdun n’a été qu’une opération de précaution, c’est donc que le haut commandement croit aux possibilités d’une offensive générale des Alliés, à une date rapprochée. Et alors, pourquoi a-t-il limité son offensive préventive à un seul secteur du front, quelle que soit l’importance qu’il lui ait attribuée ? Serait-ce donc qu’il considère la capacité d’offensive des armées impériales comme inférieure à celle des