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dernier fils va tous les jours aux fortifications, bien décidé à faire son devoir.

« Cela me rend ma tâche plus difficile avec ma mauvaise vue. Dans ces circonstances, aidez-moi de toutes vos forces, et dites-moi si Maurice ne pourrait pas prendre la place que vous allez laisser libre.

« Tout à vous cordialement.

« F. B.

«. Donnez-moi du courage pour continuer ma tâche, « jusqu’à toute extrémité, » comme dit ce pauvre général Uhrich. Dieu veuille que Paris nous relève ! Pour moi, je suis plein de confiance de ce côté. La seule chose qui l’ébranle quelquefois, c’est l’audace de M. de Bismarck et de ce vieux Roi... Comme ils marchent sur le cœur de la France [1] ! »

Mais George Sand craint de voir Paris fermé avant que les épreuves ne parviennent à la Revue. « La ligne est coupée, écrit-elle à son ami, et je ne reçois votre lettre et les épreuves qu’aujourd’hui 19. Je vous réponds et vous envoie lesdites épreuves par le courrier de ce soir. Les recevrez-vous ? Je l’ignore. Si vous receviez la lettre sans les épreuves, passez outre en les revoyant avec soin. Nous sommes au milieu de la variole, qui sévit, dans nos petites maisons de paysans, autour de nous, avec une violence effrayante.

« Nous avons envoyé Lina et les enfans dans la Creuse. Nous restons au poste, Maurice et moi : mais nous n’osons vous engager à venir ici, car un de nos domestiques est déjà malade, et nous y passerons peut-être tous, — tous les fléaux à la fois !

« Je vous enverrai de la copie, s’il m’est possible. Maurice n’a rien. Soyez sûr que, jusqu’à mon dernier souffle, je ferai de mon mieux.

« A vous de cœur.

« G. S. [2].

« Mes vœux pour vous autres. »


Ainsi, le directeur et le collaborateur, à quelques heures l’un de l’autre, allaient être plus éloignés que s’ils avaient

  1. Collection S. de Lovenjoul : F. Buloz à George Sand, 17 septembre 1870 F. 232. Inédite.
  2. Inédite.