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Fustel de Coulanges, Georges Perrot, Gaston Boissier, Paul Leroy-Beaulieu, Michel Chevalier, A. Calmon, Louis Reybaud, Augustin Cochin, et fit débuter, dans un travail intitulé : Le champ de bataille de Sedan, un jeune auteur qui lui sembla avoir la plume facile : M. Jules Claretie.

Mais tous ceux qui ont travaillé à la Revue pendant le siège ont-ils signé leurs travaux ? J’ai sous les yeux le procès-verbal de la première réunion d’actionnaires qui eut lieu après tous ces événemens, le 30 octobre 1871, et je relève ceci... « La Revue n’a pas cessé de paraître, seule de tous les recueils périodiques, grâce à l’activité de la direction, grâce à l’honorable président du Conseil, qui non seulement relevait les courages, mais prêtait encore l’appui de sa plume éminente, etc. » L’honorable président du Conseil de surveillance était alors Mignet : son nom ne paraît sur aucun sommaire.

A George Sand, au fond de son Berri, F. Buloz continuait d’envoyer les épreuves de Césarine Diétrich. Avant que Paris ne fût fermé, il lui avait écrit :

« Je vous envoie l’épreuve de votre quatrième partie ; je vous serais obligé de me la rendre le plus tôt que vous pourrez, car je crains de voir Paris bientôt complètement fermé. Je ne sais trop ce que j’y ferai pendant cette terrible crise, mais il faut que je m’efforce de continuer notre publication à tout prix, dussé-je y périr.

« Cela me coûte pourtant, et j’ai un moment pensé à vous aller voir pour me rendre à Ronjoux, car il n’y a plus d’autre chemin, et je ne sais pas si je ne serai pas contraint de le faire, lorsque les articles et les papiers me manqueront. Ce serait pourtant un déshonneur autant pour moi que pour les écrivains qui manquent à mon appel.

« Beaucoup ont fui. Il n’y a guère de vaillans comme vous, et je vous remercie de n’avoir pas manqué à ce moment suprême...

« Il n’y a plus que la République pour sauver la France, et je m’y rallie à tout jamais. Je voudrais la voir faire le tour de l’Europe et porter notre vengeance au delà du Rhin.

« L’Empire nous a trompés de la façon la plus odieuse, et nous a lâchement livrés à l’étranger. Il faut que la France se lève tout entière contre l’envahisseur ; j’espère qu’elle le fera, je le dis tous les jours autour de moi, surtout aux miens, et mon