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celle des Roumains eux-mêmes. Ils Vous doivent trop de reconnaissance pour avoir persisté, ainsi qu’ils l’ont fait, dans leur résolution, s’ils avaient pu craindre qu’elle dût encourir Votre désapprobation. Pendant longtemps, je m’étais flattée de l’espoir de venir à Paris et de Vous remercier plus vivement que je saurais le faire en Vous écrivant. J’avais tant à cœur d’offrir mes hommages à Sa Majesté l’Impératrice et la remercier de toutes les bontés dont Elle a daigné, comme Vous, combler Antoinette et Léopold pendant leur séjour aux Tuileries. En Vous offrant l’expression de ma vive, de ma profonde reconnaissance, j’aurais pu Vous parler de mes sollicitudes maternelles, des espérances que nous mettons en Vous, en Vos constantes bontés. Malheureusement, je dois renoncer à ce qui m’eût rendue si heureuse ! Nous voici au milieu d’une guerre dont nous ne pouvons mesurer les dimensions. Charles a la triste tâche de devoir défendre les provinces du Rhin et de la Westphalie contre l’Allemagne du Midi. Il se joint à moi pour Vous prier de trouver dans ces lignes l’assurance de tous les sentimens qui nous pénètrent et de daigner en faire agréer l’hommage à Sa Majesté l’Impératrice. Nous osons espérer qu’Elle appuiera ma prière auprès de Vous. C’est avec le plus tendre attachement que je suis pour toujours, mon cher Cousin, Votre bien dévouée cousine Joséphine. »

Il semble inutile de revenir sur des faits historiques que tout le monde connaît et de redire combien l’intervention de Napoléon III fut utile au futur roi de Roumanie, mais il est piquant de rappeler avec quelle humilité ces Hohenzollern imploraient les faveurs et l’appui de l’Empire dont ils complotaient la ruine.

Le prince Léopold saisissait, lui aussi, tous les prétextes pour offrir à l’Empereur l’expression de son dévouement absolu. C’est ainsi qu’il écrivait de Dusseldorf, le 11 juin 1866 : « Votre Majesté a daigné accepter, il y a quelques années, l’ouvrage de M. Tahne sur « les Dynasties westphaliennes, » et vient d’honorer l’auteur d’une lettre flatteuse qui l’autorise à offrir à Votre Majesté le résultat de ses recherches sur l’étendue des lignes Romaines (Grenzwälle) dans les contrées du Bas-Rhin dont il a donné le tracé sur la carte actuelle des provinces rhénanes. M. Tahne m’a demandé de faire parvenir ce travail à Votre Majesté. Je m’en acquitte en prenant la liberté