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dans mon ouvrage sur les Causes et responsabilités de la guerre de 1870, comment le Comité d’artillerie de la place Saint-Thomas-d’Aquin préféra le canon de bronze rayé se chargeant par la bouche au nouveau canon, et cela, malgré les désirs de l’Empereur, qui, sur sa cassette, avait remis une somme importante au colonel Reffye pour son canon se chargeant par la culasse. On sait aussi quelles conséquences fâcheuses amena le rejet de ce canon, et combien aussi nous avons eu à déplorer, au début de la guerre de 1914, l’absence d’artillerie lourde. Nous avons à présent réparé cet oubli ou cette erreur néfaste, mais il ne faudrait pas toujours attendre le péril pour savoir ce qu’il convient de faire utilement, ainsi que le disait récemment un de nos meilleurs généraux.

Le baron von Rathen, inventeur d’une machine à air comprimé, convaincu qu’il est le seul homme à qui Dieu ait confié le secret de faire les habitans du monde prospères et heureux, demande, pour lui permettre de vivre et de terminer son invention pour le bonheur de la France, une avance de 20 000 francs. Le poète Belmontet appuie cette demande et affirme que M. de Rathen a une tête géniale. « On dirait Galilée regardant le Ciel ! » Joseph Rawicz de Zdebinski sollicite un emploi quelconque à la Cour impériale. Mlle Fledwije von Reithlin-Maldegi pourrait assurer son bonheur et son avenir par son mariage avec le comte de Reischuch si elle avait une somme de 18 000 francs à lui apporter. La comtesse von Rothstein sollicite une allocation de 500 francs ; la baronne von Rüpplin expose sa triste situation. La mort de sa mère l’a laissée pauvre et sans appui. Le publiciste badois Gustave von Sandken désirerait obtenir la protection de Sa Majesté pour sa femme, ses deux fils et la patrie allemande. « Ce n’est pas légèrement que j’ajoute ce dernier mot, dit-il ; je crois en effet que ma patrie allemande ainsi que moi-même (peut-être que nous avons été trop longtemps un peu trop idéals) nous avons tous les deux un peu besoin de la protection réelle de Votre Majesté. » Ainsi, c’est non seulement pour les siens, mais pour la patrie allemande, que von Sandken sollicitait la protection française !... On était loin alors de la mégalomanie qu’affectent les pangermanistes actuels.

La princesse de Sayn-Wittgenstein implore une avance de mille écus Dour cinq ou dix années, « C’est la première fois,