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et au communisme. Elle supplie l’Empereur de fonder une paroisse allemande et des écoles allemandes pour ces infortunés. Le sous-chef du cabinet de l’Empereur répond très courtoisement que le projet de fondation qu’elle recommande ne peut être accueilli.

Le docteur Kiefer, de l’Université d’Iéna, remercie le prince Napoléon, président de la République française, d’avoir contribué à l’érection du monument du célèbre nationaliste Oken, mais ce n’est point assez : « L’abeille qui sent le miel retourne aux sources du miel. Nous, académiciens allemands, nous sommes les abeilles qui récoltons le miel des sciences où ils en découvrent une source. Vous en possédez une dans le livre intitulé : Collections orientales, 1836-1841. L’Université d’Iéna n’a pas les fonds pour payer les frais de 628 francs, mais c’est la prérogative de la haute puissance d’écarter toutes les difficultés par un mot. Il ne vous coûterait que ce mot et la bibliothèque d’Iéna pourrait se vanter de posséder dans ses perles orientales un trésor. Veuillez prononcer ce mot et pardonnez aux abeilles mellifères la franchise de cette préparation que votre bienveillance pour la mémoire de M. Oken daignera excuser. Que Dieu vous protège ainsi que la belle France ! »

Friedrich Krupp, fabricant d’acier fondu à Essen, présente à l’Empereur, en avril 1863, un atlas qui contient une collection de dessins de divers objets exécutés dans ses usines. « Je me livre à l’espérance, dit F. Krupp, que les quatre dernières pages qui représentent les canons en acier fondu que j’ai exécutés pour les divers hauts gouvernemens de l’Europe, pourraient attirer l’attention de Votre Majesté et excuseront mon audace. » Lisez attentivement la réponse du cabinet impérial : « L’Empereur a reçu avec beaucoup d’intérêt l’atlas que vous lui avez adressé, et Sa Majesté a donné l’ordre de vous remercier de le lui avoir communiqué et de vous faire connaître qu’Elle désire vivement le succès et l’extension d’une industrie destinée à rendre des services notables à l’Humanité ! »

On sait quels services rend à l’humanité l’usine Krupp... mais, ceci dit, comment ne pas s’étonner que les directeurs de l’artillerie française aient négligé les propositions de Frédéric Krupp ? En 1867, je me souviens d’avoir vu à l’Exposition les produits de la célèbre usine allemande et remarqué surtout un énorme canon d’acier se chargeant par la culasse. J’ai raconté,