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Au temps du règne de Napoléon III, savans et professeurs allemands se multipliaient en adulations et en flatteries de tous genres. Le professeur Buschmann, de Berlin, offrait huit volumes de ses œuvres à Sa Majesté sur les langues du Mexique et de l’Amérique du Sud, de l’Asie et des Aztèques. Il les mettait aux pieds du fondateur et protecteur de l’Empire mexicain et lui exprimait son admiration pour la régénération et le bonheur de ce pays. Il ajoutait à cet envoi le manuscrit du Cosmos de Humboldt et obtenait la croix de la Légion d’honneur. Le docteur Eysell présentait son Histoire de Jeanne d’Arc, en espérant que son livre ne serait pas indigne de l’approbation du glorieux représentant de la nation française que couronnait non seulement le diadème de la souveraineté, mais aussi le laurier de l’écrivain. Le docteur Hirschius, de Halle, présentait à l’Empereur son édition des Décrétales, pseudo-Didoriennes, composée d’après les plus précieux manuscrits des Bibliothèques de France et manifestait les plus vifs sentimens de reconnaissance envers notre patrie. Cet écrivain sincère fait un grand contraste avec ses autres confrères qui ne louent ni ne flattent que pour obtenir des faveurs spéciales. Le docteur Hüffer, de Bonn, envoyait son ouvrage sur « l’Autriche et la Prusse sous la Révolution. » — J’espère, écrivait-il à Napoléon III, que Sa Majesté lira avec quelque intérêt l’histoire des célèbres négociations de Léoben et Campo-Formio commencées et conduites jusqu’à la fin par son glorieux prédécesseur. Dans tout ce que j’ai dit de lui, je n’ai cherché que la vérité historique. Je suis sûr que l’ensemble des événemens le fera paraître à son grand avantage et j’espère que mon récit montrera l’admiration qu’on doit à son génie merveilleux. » On voit que pour M. Hüffer, Bonaparte n’était pas « le parvenu Corse » que raillait naguère Guillaume II le Grand. Le docteur Pyl adressait un document analogue sur la guerre qui eut lieu en 1425, entre le Danemark et le Schleswig, « lequel, disait-il, pourra intéresser Sa Majesté qui ne brille pas seulement entre les souverains de l’Europe par une politique grandiose et divinatoire, mais se place au premier rang par une intelligence scientifique remplie de génie. » Le docteur Scheerer faisait don de trois mémoires écrits à l’occasion du jubilé de l’Université de Freiberg. » La science, déclarait-il, fut toujours « un attribut des Napoléonides. » Il faut admirer ce qui suit : « La force profondément pénétrante des