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comprendre, c’est-à-dire de se respecter et de s’aimer, tout ce qui se rattache au peuple romain, source commune de la civilisation actuelle, porte éminemment ce caractère international. » En outre, Th. Mommsen reconnaissait avoir touché sur la cassette de l’Empereur 500 francs destinés à être remis par lui à M. Walter, de Berlin.

« Cet érudit, remarquait Henri Bordier, en publiant cette lettre, avait récemment écrit dans les journaux de son pays pour nier énergiquement qu’il eût jamais rien reçu, ne fût-ce qu’un franc, de l’ex-Empereur, et pour dire qu’il avait refusé l’indemnité offerte à raison de sa participation à l’édition des Œuvres de Borghesi, publiée aux frais de la cassette impériale. « Je n’aurais point donné cette explication, ajoutait Mommsen, si la presse allemande ne l’eût exigée de moi, car, pour les assertions de la presse française, je n’ai point de réponse à leur faire. Ce n’est pas seulement à cause de sa bêtise (und nicht etwas bloss ihrer Albernheit wegen)... mais une considération plus sérieuse m’impose le silence. Depuis la dernière guerre, le commérage parisien et la presse française, qui en est l’expression, se sont fait un système de donner cours à des faits mensongers et déshonorans s’ils étaient vrais, qu’on attribue aux savans allemands qui sont connus, et haïs en France. Pour ce qui me concerne, je pourrais, si je savais que cela en vaille la peine, mettre en avant d’édifians exemples de pasquinades de ce genre... Une opinion publique de la France, à laquelle les savans allemands puissent en appeler, il n’en existe plus. De même qu’il paraît méritoire en ce pays de frapper à mort les Allemands qui s’y trouvent, de même c’est un acte de patriotisme de porter atteinte à l’honneur de ceux qui ne s’y trouvent plus au moyen de calomnies qu’on élabore, soit en les inventant, soit en les répandant, soit en se taisant... » (3 janvier 1872.)

Déjà, avant cette lettre, parue dans la Gazette de Voss, un savant français avait cru devoir venir au secours de Th. Mommsen, en publiant, dans le Moniteur universel du 1er janvier, une lettre qui se terminait ainsi : «... Je dois à la vérité de déclarer qu’il est à ma parfaite connaissance que M. Mommsen n’a jamais touché, sous une forme quelconque, aucune pension, indemnité ou subvention de l’empereur Napoléon III. »

« Ces déclarations, ajoutait Bordier, octroyaient à Th. Mommsen le bénéfice d’une confusion dans les mots. Ce savant ne