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Archives de l’Empire que je désire ardemment profiter de mon séjour à Paris pour présenter mes hommages à Sa Majesté. Je serais donc obligé à Votre Excellence si elle voulait avoir la gracieuseté de me faire obtenir une audience de l’Empereur. » (19 mai 1867.) — Le même écrit encore : « Monsieur le duc, j’ai trouvé aux archives de l’Empire une lettre inédite, jusqu’à présent, du général Bonaparte. Tout ce qui provient du grand Empereur est important pour l’histoire de France : j’ose donc prier Votre Excellence de bien vouloir présenter de ma part à S. M. l’Empereur la copie ci-incluse de cette lettre... Veuillez agréer, etc. » (Bonn, 18 juillet 1867.) Puis Henri Sybel s’adresse directement ainsi à l’Empereur : « Sire, au cours des recherches historiques que j’ai pu faire à Paris, grâce à la haute bienveillance de Votre Majesté, j’ai eu le bonheur de trouver une lettre du général Bonaparte, certainement inédite. Je l’ai rencontrée aux Archives de l’Empire, parmi la correspondance diplomatique du général Clarke. Ecrite quelques jours avant la signature des préliminaires de Léoben, elle est très remarquable par plusieurs traits saillans et singulièrement caractéristiques. C’est Votre Majesté qui m’a mis à même de faire cette trouvaille intéressante. J’ose donc lui en présenter une copie, en faible témoignage de la profonde reconnaissance avec laquelle je suis, etc. »

Il faut remarquer que M. de Sybel, qui a écrit plus tard un important ouvrage sur la Révolution française et l’Europe, ne nous y a guère ménagés. Il est un exemple, avec Théodore Mommsen, de l’ingratitude des savans allemands. Tous deux ont eu, de préférence aux savans français, le privilège de voir s’ouvrir devant eux toutes nos Archives et de se faire communiquer librement nos trésors littéraires. Ils s’en sont servis, en Teutons grossiers, pour nous insulter et exciter à la haine et au mépris contre nous et nos savans.

En juin 1866, Mommsen, professeur à l’Université de Strasbourg, adressait à l’Empereur un exemplaire du commencement de sa nouvelle édition des Pandectes, en le remerciant de la faveur extraordinaire dont il avait été l’objet, relativement aux manuscrits de la grande Bibliothèque de Paris. Il ajoutait : « Si les sciences et les lettres, en général, ont un caractère international, et si tout le progrès du genre humain se résume dans le développement de cette belle internationalité, qui n’égalise pas les nations, mais qui leur enseigne de se