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touchent. Les affaires l’en empêchent sans cesse et il me charge de lui servir d’interprète. Il n’a oublié, monsieur, ni les élans dévoués de votre jeunesse, ni vos entretiens, ni vos inspirations prophétiques, et les nouveaux témoignages de votre attachement ont donné un nouveau prix à ces souvenirs. Parmi les graves sollicitudes du rang où la Providence l’a placé, il pensera avec plaisir qu’un ami vertueux et fidèle prie tous les jours pour lui au pied des autels. Ne doutez point, à votre tour, monsieur, dans votre pieuse retraite, et de sa reconnaissance affectueuse et de son désir de vous voir heureux. » Brolle mourut en 1855, comme l’annonça à Napoléon le curé d’Inchenhofen.

La croix de la Légion d’honneur jouissait d’une renommée toute particulière en Allemagne. Aussi, les demandes de cette croix sont-elles au nombre de plus de quarante, et encore nous ne connaissons pas toutes celles qui sont demeurées dans les chancelleries. Il y en a de bien curieuses, comme celle du conseiller Bergmann, qui désirerait savoir s’il n’a pas le droit de porter la croix qu’il aurait reçue de la main d’un officier du général Régnier, mort en 1813, à deux milles de Berlin. Le chancelier Braun, rédacteur du Haus und Familienbuch, qui a écrit le roman historique de Napoléon II, puis der Genius Menschheit et l’Étoile de la France, l’Impérialisme et l’idée du Congrès, demande la croix de chevalier le 23 juin 1864. Il se vante d’avoir composé un « traité sur la Connaissance du Beau » dont le célèbre critique Menzel a dit que la définition du Beau faite par lui était « la plus remarquable depuis Aristote ! » Le docteur Carus réclame la croix que Napoléon Ier lui avait, dit-il, promise la veille de la bataille de Leipzig. Un ancien capitaine de la Garde, Charles Grünholz, ayant secouru vingt-deux Français pendant le bombardement de Vienne en 1848, sollicite également la croix. On la lui refuse, parce qu’on a appris qu’il avait fait faillite comme limonadier et entrepreneur de concerts. Le lieutenant Ilzig envoie force vers à l’Empereur « qu’il adore de toute son âme » et demande la croix qui lui est aussi refusée. Le gardien du tombeau de Carnot à Magdebourg, Louis Lohrengel, présente trois feuilles de lierre à Sa Majesté comme symbole de la Foi, de la Charité et de l’Espérance, et sollicite la croix « pour les soins prodigués par lui à ce monument. » Le docteur Ludke la réclame aussi pour avoir conversé une journée à Lenzburg avec le