La destruction de nouveaux navires ne pourrait, en conséquence, se traduire que par une hausse des frets plus accentuée. Or, il nous est permis d’enrayer ce mouvement. Celui-ci profite à 26 millions de tonneaux de navires alliés, y compris les bâtimens saisis, contre 18 millions de tonneaux de navires neutres, sur lesquels la moitié à peine travaille pour nous. En limitant par voie d’entente, entre les nations alliées, le bénéfice des armateurs, c’est-à-dire par la taxation du fret, le problème pourrait recevoir sa solution, puisque ce sont les Alliés qui pâtissent et qui bénéficient tout à la fois de cette hausse. Il semble d’ailleurs que la question soit sur le point d’aboutir si l’on en croit les déclarations qui ont été faites au Sénat dans la séance du 15 avril dernier. « Le gouvernement anglais, a dit le rapporteur de la loi sur le prix des charbons, possède, d’après les témoignages de M. le ministre des Travaux publics, la possibilité d’abaisser le taux des frets pour les navires portant le pavillon britannique. Il espère aussi être en mesure d’imposer la même limitation de prix aux armateurs neutres. »
Nous pouvons donc envisager l’avenir avec confiance. Ainsi que M. Nail l’a déclaré : « Nous payons la rançon anticipée de la victoire. La crise des frets, les Allemands seraient peut-être heureux de la subir, plutôt que de connaître les jours sans viande, les cartes de pain et de pommes de terre, symptômes précurseurs de la défaite et de la révolution. »
RENE LA BRUYERE.