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tel, un tel, un tel ! ! ! — On ne fait pas un numéro avec cela ! »

D’un de ses rédacteurs il écrit avec impétuosité : « Il cite Michel B… jusque dans sa plus mauvaise langue : Les germes semés ! ! ! J’ai enlevé le passage à cause de ce barbarisme ; on sème des graines, on ne sème pas des germes. Est-il possible que des professeurs au Collège de France ne sachent pas cela ?… »


I

Au début de juillet 1870, après les menaces de guerre qui semblèrent conjurées le 12 par la réception de la dépêche Olozaga, F. Buloz se rendit en Savoie. C’était son habitude, hiver comme été, chaque quinzaine, après le numéro, d’y emporter les épreuves du numéro suivant. Il se reposait ainsi dans son pays d’origine, en travaillant encore, sous le toit de sa maison de Ronjoux qu’il aimait.

Mais deux dépêches vinrent, cette année-là, l’y troubler de nouveau. Il fallait, à ce moment, quinze heures pour se rendre à sa propriété, — un vrai voyage, — et, depuis son départ de Paris, les événemens s’étaient succédé avec rapidité : la demande de garantie réclamée par l’opposition[1] avait été accueillie à Saint-Cloud, transmise à notre ambassadeur Benedetti, qui eut pour mission de la soumettre au roi Guillaume, On sait l’accueil que le Roi fit à notre ambassadeur, accueil suivi de la trop fameuse dépêche d’Ems. La déclaration de guerre éclatant aussitôt après ces événemens, — le 19, — la présence du fondateur devint nécessaire à la Revue ; on lui télégraphia donc, et il se hâta de revenir.

Le 21 juillet, il trouva Paris « ronflant comme un tambour, » et la population électrisée par un vif enthousiasme. À cette époque, About écrivait : « J’ai quitté Paris à regret hier soir ; il était vraiment beau. Jamais le peuple de la grande ville ne m’avait paru si animé, si fier, si content de lui-même,

  1. « M. Clément Duvernois demande à interpeller le Cabinet sur les garanties qu’il a stipulées ou qu’il doit stipuler pour éviter le retour des complications successives avec la Prusse. Le Cabinet répondra à l’interpellation le jour qui lui conviendra le mieux. (Silence général.) » — (Compte rendu de la séance de Ia Chambre, 12 juillet 1870.)