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commerce ne négligent rien pour perfectionner nos établissemens maritimes. En même temps, elles se préoccupent de remédier à la pénurie de dockers civils. Bordeaux emploie 600 prisonniers allemands, Pauillac 200. A Dieppe, le contingent des prisonniers a été porté de 150 à 200. A Marseille, leur total atteint 1 200 unités environ. Cette main-d’œuvre n’est malheureusement pas inépuisable et j’estime qu’il eût été sage de faire appel aux travailleurs indigènes. Si les Arabes n’ont pas donné toute satisfaction, en revanche, les coolies chinois, que l’on emploie dans le monde entier pour les travaux les plus divers, auraient certainement fait de bons dockers. Pourquoi n’en a-t-on pas recruté dans les ports de la Chine ? Il est enfin assez étonnant qu’on ne soit pas parvenu dans la plupart des localités à organiser le travail de nuit.

La question de la pénurie de wagons est beaucoup plus complexe. Nos Compagnies de chemins de fer ont bien commandé 35 000 wagons pour combler leur déficit ; nous devrions recevoir mensuellement, d’après les prévisions du contrat, de 1 000 à l 500 wagons depuis le mois dernier ; mais par suite de l’intensité des productions métallurgiques, demandées par la Guerre, les usines sont, là comme ailleurs, en retard dans l’exécution de leurs commandes. A la date du 31 mars, il n’était arrivé que 500 ou 600 wagons. Nos ateliers de construction spéciaux se trouvant pour la plupart dans les régions envahies, nous restons sur ce point tributaires de l’étranger. Nous avons pris toutes les mesures voulues pour obtenir notre matériel le plus rapidement possible. Que pouvons-nous faire de plus ? Suppléer à l’insuffisance de la traction roulante par la navigation fluviale ? Nous nous y efforçons. Nous essayons également de doter nos ports de voitures automobiles qui, dans certains cas, peuvent remplacer le matériel de chemin de fer, mais il ne faut pas se dissimuler, a dit le colonel Gassouin, que » tant que nos 35 000 wagons ne seront pas là, nous aurons les plus grosses difficultés à conjurer la crise des transports. »

Nous nous trouvons donc en présence d’un programme gigantesque à réaliser en pleine guerre, à un moment où les ressources de l’activité nationale sont absorbées par d’autres soucis. Déjà, nous avons, depuis le début des hostilités, posé plus d’un millier de kilomètres de voie en tant que raccordemens, embranchemens, développement de gares. Au Havre, les installations