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le navire prend charge jusqu’au jour où les colis sont livrés aux mains du consommateur. Il y a donc une relation étroite entre le transport à terre et le transport en mer. C’est pourquoi nous n’avons pu dissocier aucun des élcmens de la question, afin que celle-ci fût bien connue.

Que dis-je ! il importerait de porter nos investigations même sur le territoire américain. Il y a aux alentours de New-York 45 000 wagons qui attendent d’être déchargés à destination de l’Europe ; vous pensez bien que les chargeurs des Etats-Unis ne feront pas les frais de cette immobilisation.


Nous sommes maintenant fixés. Lorsqu’on aura totalisé le prix du fret, les assurances, les surestaries, les droits de stationnement, les pertes de toute nature, matérielles ou commerciales, subies par les retards de livraison, on s’expliquera le taux des mercuriales dont nous nous plaignons. Ainsi que l’a fait remarquer un orateur, à la Chambre des Députés, « la crise des transports est à la fois d’ordre militaire et d’ordre économique. Dans les deux cas, c’est la guerre qui en est la cause première et permanente. » Nécessairement, tant que la cause subsistera, le mal doit persister. Est-il au moins possible d’espérer qu’il se calmera ? Les crises économiques, avons-nous dit, sont comparables aux maladies de l’organisme humain. A défaut d’une guérison impossible, il existe des palliatifs qui atténuent la gravité du mal. Cherchons quels sont les remèdes appropriés au cas qui nous occupe.

En ce qui concerne la perturbation apportée au cours du fret, il semble a priori qu’il soit assez peu aisé d’en adoucir les rigueurs. D’une part, tout le monde s’accorde à dire que le volume des transactions augmentera en 1916 par comparaison avec l’année précédente ; d’autre part, le tonnage flottant se fera de plus en plus rare, à mesure que se poursuivra la campagne sous-marine allemande. On ne peut guère compter sur les constructions neuves pour combler les vides creusés par les sous-marins dans les rangs de la flotte marchande alliée ou neutre. La moyenne nécessaire pour faire face à l’usure normale des bateaux en temps de paix, ou aux pertes par suite de naufrages, atteignait 3 millions de tonnes. En 1915, l’ensemble des chantiers de construction du monde entier n’a pas produit plus