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L’assurance d’Etat fixée par la Commission exécutive du ministère des Finances est actuellement de fr. 80 de Bordeaux à New-York et varie de 0 fr. 75 à 1 fr. de France sur l’Angleterre. Quant aux assurances ordinaires, elles ont subi elles-mêmes une hausse appréciable.

Le fléchissement marqué des exportations a également contribué à modifier les bases des contrats d’affrètement. En temps normal, il y a des échanges à peu près équilibrés entre les importations et les exportations ; le fret est donc réparti également à l’aller et au retour entre les importateurs et les exportateurs. Aujourd’hui, la France vend moins qu’autrefois, tant à cause du ralentissement de notre production que des prohibitions de sortie. A Rouen, de 449 000 tonnes en 1913, les exportations sont tombées à 171 000 tonnes en 1915 ; à Boulogne de 379 000 à 55 000 tonnes ; à Saint-Nazaire de 252 000 tonnes à 82 000 tonnes ; à Nantes de 352 000 à 135 000 tonnes. Les bateaux partant à vide, les chargeurs, qui introduisent des marchandises en France, doivent payer intégralement les frais généraux du voyage, comme s’ils en profitaient entièrement.

Comment, sous l’action de ces différentes causes, ne se serait-il pas produit une majoration des prix ? Dès le mois de juin 1915, celle-ci oscillait entre 25 et 30 pour 100 sur presque tous les produits importés. Actuellement, le fret de la tonne de céréales de la Plata s’est élevé de 12 fr. 50 en 1914 à 155 francs fin 1915. Le fret de la viande congelée du Sud-Amérique de 92 francs à 300 francs, celui du riz de l’Indo-Chine de 35 francs à 182 francs. A Marseille, le fret sur l’Angleterre est monté successivement à 75, 115 et même 130 francs la tonne, puisqu’on a atteint le cours de 95 shillings. Le charbon de Cardiff que l’on exportait sur le Havre à 5 fr. 25 en 1913, paye 42 francs le 17 mars 1916 ; aux mêmes époques, à Rouen les chiffres passent respectivement de 7 francs à 45 francs ; à Saint-Nazaire de 6 fr. 50 à 60 francs ; à Bordeaux de 7 francs à 75 francs ; à Gênes de 11 francs à 132 francs. Le transport du minerai de Bilbao vaut à Bordeaux 38 francs au lieu de 7 fr. 50. J’arrête là mes citations. En résumé, les frets représentent fin mars le décuple de ce qu’ils représentaient avant la guerre.

Les navires eux-mêmes, vu leur rareté, ont triplé ou quadruplé de valeur. Des navires valant 100 000 livres avant la guerre se vendent maintenant de 400 000 à 500 000 livres, de