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LA
Revue des Deux Mondes
EN 1870-71

Au début de l’automne 1914, malgré les menaces qui pesaient sur Paris, malgré les questions angoissantes que se posait le Directeur de la Revue des Deux Mondes, celle-ci ne cessa pas de paraître. Elle dut cette continuité de vie à son directeur, le regretté Francis Charmes, à la rapidité de sa décision, à son énergique persévérance : il continuait la tradition de la maison.

En effet, quarante-quatre ans auparavant, lors de l’invasion de 1870-71, le fondateur de cette même Revue se trouva aux prises avec les mêmes difficultés.

Pourtant, et en dépit des événemens chaque jour plus tragiques, nos défaites et l’investissement de Paris, François Buloz lutta avec fermeté pour conserver à sa Revue, au milieu de la tourmente, l’indépendance et la vie. Les volumes de cette époque semblent étroits, comparés à ceux qui les précèdent ; mais à combien de tribulations le directeur eut-il affaire ! Enfermé volontairement dans Paris assiégé, bientôt dans l’impossibilité de correspondre au dehors avec ceux de ses rédacteurs dont le concours aurait pu lui être assuré, en proie à mille ennuis matériels, redoutant chaque jour la déception du lendemain, il fit face à tout.

A peine les angoisses du siège furent-elles terminées, que d’autres épreuves surgirent : la Commune.