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une attaque combinée non plus du golfe de Riga, mais bien du golfe de Finlande.

On précisait en disant que, comme ce golfe est barré par des lignes de torpilles, — où sont ménagées, bien entendu, les « portières » indispensables aux mouvemens des navires russes, — le premier effort des Allemands se porterait sur la destruction de ces lignes, ce qui les conduirait à prendre terre d’un côté ou de l’autre du golfe pour enlever les ouvrages permanens auxquels s’appuient les barrages. Il se peut. N’essayons pas, sur des renseignemens trop vagues, de déterminer d’avance la marche des opérations, dans le cas en question. Je me borne à observer que la flotte russe s’est singulièrement renforcée dans ces derniers mois par la mise en service des quatre « dreadnoughts » du type Gangout, de quelques croiseurs de 6 800 tonnes du type Svietlana, de grands torpilleurs d’escadre et de sous-marins, sans parler de certains navires auxiliaires. D’autre part, le nombre des sous-marins britanniques s’est certainement accru, malgré toutes les précautions prises par les Allemands pour barrer à ceux-ci le débouché du Sund dans la Baltique.

Il n’est d’ailleurs pas impossible et il serait très désirable que le concours fourni par les Alliés de l’Ouest à la flotte russe de la Baltique ne se bornât pas là. Tous les bâtimens qui calent moins de 6 mètres et qui peuvent par conséquent franchir le seuil méridional du détroit dano-suédois seraient les bienvenus dans la Baltique orientale, à condition, d’abord que leur passage ne fût pas signalé à l’avance par les grand’gardes allemandes qui se tiennent dans le Cattégat, ensuite qu’un mouvement opportun de l’escadre légère russe, — nombreuse et forte, — leur assurât d’être « recueillis » à la hauteur de Bornholm, après qu’en forçant de vitesse ils auraient réussi à distancer les croiseurs disposés en observation derrière le champ de mines du Sund.

Ce sont peut-être là de graves difficultés, et d’aucuns remarqueront qu’il serait, dans ces conditions, plus avantageux, sinon plus simple, de franchir de vive force le Grand Belt avec la plus grande partie des Home fleets elles-mêmes. Évidemment. Je n’insiste pas cependant sur cette question délicate, objet de tant de controverses. On sait ce que j’en pense et je l’ai assez souvent dit ici. Pour ne pas sortir de mon sujet actuel, je me contenterai de noter que, dans le cas d’opération sérieuse de la