y parait, quand on considère ce que sont devenus en quelques mois les submersibles que l’Allemagne, de 1906 à 1914, imitait assez platement des nôtres.
Il faut donc se méfier de quelques surprises, aussi bien au point de vue de l’armement défensif qu’à celui de l’armement offensif, sans parler de certains procédés tactiques où la ruse germaine se donnera librement carrière. J’ai déjà eu l’occasion (et je profite encore de celle-ci) de signaler l’usage que les Allemands feront dans la grande bataille navale de leurs « zeppelins, » de leurs croiseurs aériens, comme ils les appellent fort justement. Au moment où j’écris, on affirme qu’ils vont en avoir soixante, en tout ; s’ils en réservent seulement une dizaine pour le cas qui nous occupe, cela peut représenter le jet de cent cinquante ou deux cents bombes de fortes dimensions sur les ponts des cuirassés de l’adversaire. Or, il faut remarquer qu’au milieu de l’effroyable canonnade du combat naval il ne saurait être question de se servir des bouches à feu à tir vertical, au moyen desquelles on cherche à « descendre » un zeppelin. A moins que les canons spéciaux soient placés sous tourelles, ce qui ne laissera pas de présenter de grosses difficultés, ils ne pourront être servis par leur personnel plus de quelques instans, sous le déluge des projectiles lancés par les canons de bord. Les obus qui tomberont du ciel, — des dirigeables, veux-je dire, — auront donc toute licence de percer les ponts, le pont cuirassé compris, et d’atteindre certaines parties vitales des bâtimens, appareils moteurs, poste central, soutes à munitions, etc.
Vraiment, le sort de l’unité de combat moderne devient de plus en plus précaire : œuvres vives, œuvres mortes, flottaison, ponts, blockhaus, tourelles, tout est menacé et aux points les plus délicats. Qu’arrivera-t-il d’un dreadnought, si puissant qu’il soit, que peuvent atteindre à la fois des obus de 1 000 kilos, des torpilles et des mines chargées de 120 à 150 kilos d’explosifs violens et des bombes aériennes contenant le redoutable « air liquide ? » On peut bien dire que c’est l’attaque enveloppante dans toute sa perfection, et que la destruction du mal- heureux mastodonte apparaît inévitable.
Mais laissons cela, qui n’est point tout à fait dans notre sujet. Il reste que la bataille navale future, prochaine peut-être, je le répète, aura certainement une physionomie très particulière et que nos ennemis s’efforceront d’y séduire la victoire