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dont il était déjà concessionnaire pour le territoire du Liao-toung et de Port-Arthur, de même que pour les lignes ferrées du Sud-Mandchourien et de Moukden à Antoung. Quelques concessions additionnelles de mines et de chemins de fer lui étaient enfin reconnues dans certaines régions de la Mandchourie du Sud et de la Mongolie orientale.

Ce n’est pas sans résistance que la Chine finit par acquiescer à ces divers règlemens, qui, s’ils n’étendaient pas la sphère de l’action japonaise dans les provinces limitrophes de Mandchourie et de Mongolie, en prolongeaient la durée et en augmentaient les privilèges, droits et avantages. Le gouvernement japonais, cependant, s’il mettait à profit des circonstances propices, n’excédait pas les termes et les limites du programme contenu dans les précédens accords conclus, soit avec la Chine, soit avec les Puissances de l’Ouest. La politique du maintien de l’intégrité et de l’indépendance de la Chine, ainsi que du statu quo et de la paix de l’Asie orientale, demeurait celle dont, pendant la guerre qui ravageait l’Europe, le gouvernement japonais continuait à s’inspirer. S’il accomplissait son devoir en se rangeant à côté des Alliés, et en soutenant avec eux la lutte contre l’ennemi commun, il restait fidèle, en ce qui concerne l’Asie orientale et la Chine, à la méthode et au programme des accords conclus de 1902 à 1912.

C’est en pleine guerre, et dans la satisfaction du devoir accompli, que le Japon a, pendant l’automne de 1915, procédé à Kyoto aux fêtes religieuses et rituelles du couronnement de l’empereur Yoshi-hito, dont les longs deuils de la Cour avaient jusqu’alors retardé la célébration. Au lendemain de ces fêtes pour lesquelles, à cause des événemens, aucune invitation n’avait été adressée aux Cours et aux Gouvernemens étrangers, représentés seulement par leurs ambassadeurs ou ministres déjà accrédités, la Cour de Russie a tenu, par un acte de haute courtoisie et de spéciale gratitude, à déléguer au Japon, en mission extraordinaire, l’un des membres de la famille impériale, le grand-duc Georges Michaïlovitch. La pensée qui a présidé à cette démarche de la Cour de Pétrograd, l’accueil qui a été fait à Tokyo par l’Empereur, le Gouvernement impérial et le peuple japonais à l’envoyé du Tsar, permettent de mesurer, avec tout le chemin parcouru dans ces vingt dernières années, le caractère des rapports unissant aujourd’hui les deux Cours,