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Après avoir arraché à l’Allemagne le port, la forteresse et le territoire de Kiao-tcheou, le Japon devait naturellement les détenir pendant toute la durée de la guerre, comme une position et un boulevard demeurant entre les mains des Alliés contre l’ennemi commun. Le Japon, toutefois, ainsi qu’il l’avait fait prévoir dans son ultimatum du 15 août, avait en vue de faire restitution ultérieure à la Chine de cette partie de son domaine si perfidement acquise par les soi-disant représailles de l’Allemagne. Mais cette restitution même, conforme à la politique des Alliés et au programme du maintien de l’intégrité et de l’indépendance du territoire chinois, ne pouvait être faite qu’avec les précautions et garanties nécessaires et avec la certitude que le territoire ainsi récupéré ne serait pas de nouveau aliéné en de mauvaises mains. Le gouvernement japonais jugea donc opportun, toute résolution définitive étant d’ailleurs ajournée jusqu’à la conclusion de la paix générale, de définir d’avance avec le gouvernement chinois certaines de ces précautions et garanties. Tel fut l’objet des négociations engagées entre les deux gouvernemens, du 18 janvier au 1er mai 1915, et qui aboutirent, le 25 mai, à la signature de conventions, lettres et protocoles, par lesquels étaient réglés, outre la restitution ultérieure à la Chine du territoire et du port de Kiao-tcheou, différens points touchant les intérêts japonais dans les provinces du Chan-toung, de la Mandchourie méridionale et de la Mongolie orientale. Il était expressément stipulé que le gouvernement chinois, une fois rentré en possession de Kiao-tcheou, n’aliénerait, ni par cession à bail, ni sous aucune autre forme, aucun point du territoire continental ou côtier du Chan-toung, ni aucune des îles situées dans les eaux territoriales. Le gouvernement chinois s’engageait, en outre, à faire de Kiao-tcheou un port ouvert au commerce international, à y établir un quartier ou concession japonaise, ainsi qu’une concession internationale, si les Puissances en exprimaient le désir. Le gouvernement japonais se réservait la faculté d’être substitué, dans la province du Chan-toung, au gouvernement allemand pour tous les droits, avantages et privilèges, notamment en matière de chemins de fer et de mines, précédemment concédés à l’Allemagne. Dans les provinces de la Mandchourie méridionale et de la Mongolie orientale, il obtenait la prorogation, au terme de quatre-vingt-dix-neuf ans, des baux réguliers