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répondre à la note du gouvernement japonais, celui-ci faisait connaître le même jour, à midi, par une proclamation impériale, que le Japon déclarait la guerre à l’Allemagne et que l’armée et la marine de l’Empire recevaient l’ordre de poursuivre de toute leur vigueur les hostilités contre l’Empire allemand.

L’éventualité envisagée dans les accords conclus de 1902 à 1907 et 1911 devenait une réalité. Le Japon, allié de la Grande-Bretagne et, par conséquent, de la France et de la Russie, engageait avec nous la lutte contre l’Allemagne et ses alliés. Il prenait part au grand combat que la Triple-Entente et d’autres Puissances de l’Europe ou du monde civilisé allaient mener contre les Empires germaniques. Il avait sa place et son rang parmi les Alliés et coalisés de la Grande Guerre. C’est ainsi que la grande Puissance de l’Asie orientale a, dès la première heure, joué le rôle et accompli la mission qu’en 1902, et plus encore, en 1907 et en 1911, les actes solennels revêtus de son sceau, comme des sceaux de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie, lui avaient par avance assignés et réservés.

Ce qu’a été, ce que continue à être ce rôle du Japon, l’histoire de la présente guerre l’enregistre chaque jour. Le Japon a tout d’abord, comme l’avait annoncé sa note du 15 août, exigé par ses forces de terre et de mer la reddition du port et du territoire de Kiao-tcheou, si étrangement occupés par l’Allemagne en 1897, et dont elle avait fait la base, le levier de son action conquérante et spoliatrice en Chine. L’expédition japonaise, vigoureusement menée par la première et la deuxième escadre de la flotte, avec l’assistance de deux bâtimens anglais, et par une division et une brigade de l’armée de terre, assistées d’un petit contingent britannique, commença le 2 septembre et se termina le 7 novembre suivant, après le bombardement de la place et la capture des forts, par la capitulation sans conditions du commandant Mayer-Waldeck, gouverneur de la colonie.

La flotte japonaise avait, d’autre part, occupé dans les mers du Sud et dans l’archipel océanien quelques-unes des possessions allemandes, Jaluit et le groupe des Marshall, les Mariannes, les Carolines. Elle avait enfin contribué largement, avec les bâtimens britanniques et australiens, à faire la police des mers et à purger le Pacifique des « raids » de piraterie exercés par les derniers croiseurs allemands qui avaient échappé à la poursuite.