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Mais les Puissances eurent surtout le souci de poursuivre la punition effective et exemplaire de quelques-uns des hauts mandarins les plus compromis dans l’insurrection et d’exiger de lourdes indemnités pécuniaires. — A peine le protocole final de Pékin, réglant cette liquidation, était-il signé, le 7 septembre 1901, que les choses reprenaient en apparence leur cours. L’impératrice douairière et l’Empereur rentraient dans la Ville impériale. L’ancien ministère des Affaires étrangères, quoiqu’il eût changé de nom, retomba vite à ses invariables pratiques. Le traité sino-russe, qui avait survécu aux mesures que la Russie dut prendre en commun avec les autres Puissances pour combattre les Boxeurs, recouvra sa pleine vigueur. C’est alors que le Japon, qui avait pris, à côté des Puissances européennes, une grande part dans la répression et la défaite de l’insurrection des Boxeurs, éclairé par les derniers événemens, et se rendant compte qu’après une crise si grave les Puissances de l’Ouest n’avaient pas jugé opportun ou nécessaire de définir et de régler avec plus de précision la situation et la destinée de la Chine, estima que l’heure était venue pour lui de prendre position, de ne plus risquer d’être isolé comme il l’avait été en 1895 et de chercher en Occident, pour être mieux préparé à résoudre les questions qui inévitablement allaient se poser dans l’Asie orientale, le concours, l’alliance qui lui apparaissait désormais comme indispensable.


III

Le Japon avait, à cette date de 1901, conclu déjà avec la Russie, pour le règlement de la question coréenne, plusieurs arrangemens et accords dont le plus ancien remontait à l’année 1896. La convention signée alors entre le maréchal Yamagata et le prince Lobanoff, après le couronnement de l’empereur Nicolas II, était précisément contemporaine du traité d’alliance intervenu entre la Chine et la Russie. D’autres tentatives avaient été faites dans le même sens et pour le même objet. Un parti considérable au Japon, à la tête duquel était le prince (alors marquis) Ito, pensait que c’était avec la Russie que le Japon devait surtout chercher à s’entendre. Dans les derniers mois de l’année 1901, le marquis Ito s’était rendu en Europe, et tout d’abord à Paris, puis à Saint-Pétersbourg, pour sonder