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Aussi les produits des laminoirs allemands avaient-ils remplacé l’année dernière, avec de gros profits pour leurs actionnaires, les envois ordinaires de la Belgique, de la Grande-Bretagne et de la France, en Hollande et chez les Scandinaves.

Aujourd’hui, les fers ont monté, par l’entraînement des pays neutres, de 32 pour 100 pour la fonte la plus commune et de 76 pour 100 pour l’hématite. Mais ils sont, à leurs nouveaux prix, deux ou trois fois moins chers que ne sont chez nous les qualités similaires ; ils sont égaux et même, pour le fer de choix, plus bas que ceux de l’Angleterre ; tandis qu’en temps normal les produits métallurgiques du Royaume-Uni n’avaient pas de rivaux pour le bon marché. L’Allemagne jouit d’une abondance analogue pour le zinc, puisqu’elle était avec la Belgique le principal exportateur de ce métal ; et l’on en peut dire autant de certains produits chimiques dont elle s’était fait un monopole.

Qu’on ne croie pas cependant que le blocus ici n’ait pas d’effet ; tout au contraire ; et, quoique l’affirmation puisse sembler paradoxale, son action se fera sentir beaucoup plus par ce qu’il empêche de sortir que par ce qu’il empêche d’entrer ; beaucoup plus après la paix que pendant la guerre. Les résultats de ce retranchement de l’Allemagne, d’autant plus efficaces et durables que la lutte aura été plus longue, apparaîtront alors tout autrement pénibles et onéreux pour l’industrie et le commerce germaniques que la privation ou la cherté passagère de quelques denrées et de quelques substances de première nécessité. C’est ce que nous montrera l’étude de la vie et des prix actuels chez les neutres et chez nos alliés.


G. D’AVENEL.