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en temps de paix plus de 250 000 tonnes par an ; la guerre, qui paralyse bien des industries, a suscité de nouveaux besoins, à tel point que le cuivre a doublé de prix dans le monde depuis 1913. Les cours actuels de 2 800 et 3 350 francs la tonne, suivant qualités, n’avaient plus été enregistrés depuis un demi-siècle ; il faut remonter à la guerre de Crimée ou à la guerre de Sécession pour retrouver des prix semblables. Ces prix toutefois ne sont pas pour arrêter tes acheteurs ; l’Angleterre levait, il y a quelques semaines, aux États-Unis une option de 200 millions de kilos.

Les ressources de l’Allemagne en août 1914 étaient tout au plus normales : le total des quantités existant dans les usines (55 000 tonnes) jointes à celles existant dans les ports (6 000), chez les producteurs et les marchands, y compris une entrée de 5 000 tonnes par Rotterdam qui fit quelque bruit à Paris au commencement de la guerre, montait à 91 000 tonnes. Les prises des pays envahis (8 000 tonnes en Belgique), les quantités venues en contrebande de la Suède et les minerais allemands et austro-hongrois, représentent à peu près 70 000 tonnes, même en tenant compte des efforts pour développer la production.

En Orient, il se trouve deux mines en Bulgarie, d’ailleurs peu importantes, à Bratza et à Burgas. Les plus riches des balkaniques, celles de Bor en Serbie, produisant de 7 à 8 000 tonnes, étaient exploitées par une société française. Les Serbes ont emporté une partie de la machinerie et détruit le reste. Les Bulgares sont, disent-ils, en train de réinstaller l’exploitation.

La déclaration des cuivres, obligatoire en janvier 1915, fut renforcée en juillet par la réquisition. Toutes nos usines du Nord et de l’Est, situées dans le territoire occupé, ont été méticuleusement dépouillées de tout le cuivre qui pouvait se trouver dans leur mécanisme. Des contremaîtres venus d’Allemagne ont dirigé le travail de démontage des appareils ; ce qui offrait le double avantage de confisquer un métal indispensable et de mettre ces manufactures hors d’état de fonctionner pendant de longs mois après la conclusion de la paix ; mais ce qui nous imposera l’obligation d’installer nos compatriotes dans les établissemens similaires de nos ennemis au jour, proche ou lointain il n’importe, où l’Allemagne vaincue sera envahie à son tour par les armées alliées.