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qui soutiennent, mais sans succès, qu’avec la chicorée parfumée d’une légère dose de caféine, on obtient une imitation parfaite.

Les négocians hollandais ou scandinaves, seuls importateurs, profitent de la situation et les prix de gros ont aujourd’hui plus que doublé. Au détail, le café torréfié, — la vente en vert est interdite, — coûte 3 francs la livre, malgré des droits de douane très modérés, et il est interdit, sous peine de 1 500 marks d’amende ou de six mois de prison, d’en livrer plus de 250 grammes à la fois par acheteur. Le thé, moins recherché, vaut 5 francs, et il est à noter que sur tous ces articles, sur le cacao par exemple qui a doublé, la part du détaillant, son bénéfice proportionnel a sensiblement diminué.


IV

Quoique l’alcool soit, en Allemagne comme chez nous, un engin de guerre, puisque la fabrication de l’éther en absorbe de grosses quantités, son prix, de 193 francs l’hectolitre pour la qualité comestible, n’est rien comparé au. nôtre. Nos voisins le trouvent aujourd’hui exorbitant parce qu’il n’était avant la guerre que de 80 à 87 francs. Présentement encore, l’alcool d’éclairage est chez eux à des chiffres très abordables, tandis que le pétrole est onéreux ; lorsque les réserves de la société germano-américaine commencèrent à s’épuiser après sept ou huit mois de guerre et que l’on eut recours aux pétroles de Roumanie, les prix montèrent de 100 pour 100.

L’occupation russe n’avait pas causé en Galicie autant de dégâts que les Allemands le redoutaient. Dès la première moitié de mai 1915, plusieurs puits furent remis en exploitation ; dix jours après la reprise de Krosno, les premiers wagons de benzine et d’huile à graisser étaient expédiés sur le front. Le gouvernement allemand s’est entendu avec l’Autriche pour la livraison de pétroles, qu’il transporte jusqu’à sa frontière au moyen d’une canalisation construite à cet effet. Mais la production des puits galiciens est loin d’atteindre, comme le disent les journaux allemands, 75 pour 100 de la normale.

En y joignant les envois roumains, assez irréguliers par suite de la mauvaise volonté des chemins de fer hongrois, le pétrole, taxé à 40 centimes le litre, est censé représenter le