« Beaucoup d’Allemands du Nord, écrivait récemment, dans le Berliner Tageblatt, M. Théodor Wollf, ne se trouveront pas mal de modérer leur consommation de beurre ; car, dans ce pays, les personnes que l’indigence ne préserve pas des excès de nourriture sont souvent affligées d’une monstrueuse obésité. Il y a des peuples qui savent se nourrir et qui ne voient pas la nécessité d’ajouter du beurre au fromage. »
Il y en a, n’en doutez pas, monsieur Wollf, et parmi ces peuples figuraient les Allemands de naguère ; puisque l’Allemand de 1914 mangeait le double de ce que mangeait celui de 1870. Les chiffres le prouvent sans réplique, et les hommes politiques d’outre-Rhin le constataient, non sans orgueil, avant la guerre.
C’est assez dire que, si les jeunes générations nées au sein de cette abondance récente, si même les vieilles gens qui s’étaient graduellement accoutumés à ce bien-être croissant, éprouvent quelques tiraillemens d’estomac à perdre en quelques mois les satisfactions de bouche qu’ils avaient gagnées en un
- ↑ Voyez la Revue du 1er avril 1916.