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LA
GUERRE VUE PAR LES ÉCRIVAINS ANGLAIS

BERNARD SHAW — G. K. CHESTERTON
H. G. WELLS — R. KIPLING — JOHN GALSWORTHY

La guerre a banni le dilettantisme. Elle rend les lecteurs forcément utilitaires et les empêche de porter à la littérature une attention désintéressée. Nous tournons-nous vers les hommes de lettres, ce n’est guère pour jouir de leur originalité ou par curiosité de leur manière. A eux comme au premier venu, à celui qui entre dans notre maison ou que nous croisons dans la rue, — comme à toute chose aussi, à la pluie qui tombe, au vent qui souffle, — notre esprit pose la même question : « Que peux-tu, que vaux-tu pour cette guerre ? »

Si donc nous allons vers les écrivains anglais, vers certains de ceux qui sont les plus fameux dans leur pays, les plus popularisés chez nous, ce sera moins afin de mesurer leur talent que dans l’espoir d’apprendre d’eux quelles forces morales recèle la Grande-Bretagne pour assurer la victoire. Et il semble qu’à les choisir dans la diversité des partis et des opinions, l’un belliqueux, l’autre pacifiste, celui-ci socialiste et celui-là conservateur, il y ait chance d’obtenir une assez large réponse à l’obsédante question.

Mais il ne faudra pas nous étonner si cette réponse à notre interrogation anxieuse nous est parfois donnée sur le ton de la plaisanterie, ni croire qu’elle soit moins décisive, pour être exempte de notre angoisse. Les preuves de la détermination