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est qu’aucune de nos habitudes n’a été changée, bien qu’on ait depuis 1911 retardé toutes les pendules de 10 minutes. Ainsi les bureaux de poste qui ouvrent, comme on sait, de 8 heures à 20 heures, ouvrent et ferment en réalité 10 minutes plus tard depuis qu’on a adopté en France l’heure du méridien de Greenwich.

Or, au moment où paraissent ces Lignes, le soleil se lève à Paris à 4 h. 33 et se couche à 19 h. 4 ; si donc on avançait les pendules d’une heure, les bureaux de poste useraient de la lumière artificielle pendant une heure de moins chaque jour. Il en serait de même dans toutes les familles où on se lève en ce moment et où on se couche bien après le lever et le coucher du soleil, dans toutes les industries et les commerces où on commence et achève le travail après ce lever et ce coucher.

C’est de ces considérations qu’est né le projet actuellement discuté et qui sous le nom de « Dailygh saving Bill » a vu le jour en Angleterre, où il a été voté au Parlement en deuxième lecture, mais n’a pu franchir la passerelle de la troisième lecture, faute d’une voix de majorité. Nous allons maintenant examiner le plus succinctement possible les diverses objections qu’a soulevées ce projettes inconvéniens qu’il pourrait présenter et du même coup ses incontestables avantages.


On a invoqué d’abord contre ce projet (que nous appellerons pour abréger projet Honnorat, du nom du député qui a pris l’heureuse initiative de le présenter à la Chambre), des argumens d’ordre scientifique. Un des membres les plus distingués de l’Académie des Sciences, M. Lallemand, a notamment présenté ces argumens au cours d’une communication qu’il a faite à titre personnel devant cette assemblée. D’après lui, on serait obligé de conserver l’heure normale actuelle pour les besoins de la science et de la navigation, ainsi que pour les relations internationales ferroviaires et télégraphiques.

J’avoue avoir été d’autant moins convaincu par cette argumentation, que M. Lallemand lui-même l’avait réfutée par avance lorsqu’il parlait en 1911 devant le Sénat en qualité de commissaire du gouvernement, lors de la discussion du projet adoptant l’heure de Greenwich.

Le principal problème de la science et de la navigation où intervient l’heure est celui des cartes et des longitudes. Les longitudes de nos cartes étaient naguère fondées sur l’heure du méridien de Paris. « Le projet, disait alors M. Lallemand répondant à M. l’amiral de