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Il fallait donc revenir à une avance méthodique et faire tomber tout ce qui restait de notre avant-ligne, de Malancourt à Béthincourt. L’opération commença mal pour l’ennemi. Le 28, il échoua devant Malancourt. Le 29, les Français reprirent le bois d’Avocourt. Mais du 30 mars au 8 avril, les Allemands réussirent la première partie de leur dessein : ils emportèrent successivement Malancourt, Haucourt, Béthincourt. Les Français se replièrent à l’Ouest sur les premières pentes de la colline 304, au centre sur les hauteurs au Sud du ruisseau de Forges, à l’Est à 500 mètres environ au Sud de Béthincourt. Le Kronprinz pensa alors le moment de l’attaque générale venu, et il la lança le 9, d’Avocourt à la Meuse, avec une violence et une ampleur qu’on n’avait pas vues depuis les premières attaques de février. ; Ce fut un sanglant échec.

Parallèlement, une attaque était lancée le 31 mars sur la rive droite. Il y a presque toujours corrélation entre les combats de l’une et de l’autre rive, le but de l’ennemi étant de diviser et d’affaiblir nos réserves. Le 31, les Allemands attaquèrent sur la partie Ouest de Vaux, qu’ils prirent. Le 2 avril, ils essayèrent d’élargir leur succès en enlevant, sur le flanc Nord du ravin de Vaux, le bois de la Caillette. Mais le 3, d’énergiques contre-attaques françaises reprenaient toutes leurs positions et rétablissaient le front tel qu’il était au mois de mars, Bien mieux, les Français inauguraient un système de contre-attaques à petits effectifs, locales, mais très énergiques, et commençaient la reprise méthodique du terrain. Ils avançaient ainsi au Nord du bois de la Caillette et au Sud de Douaumont. Le 20 avril, ils étendaient ce système à la rive gauche et élargissaient leurs positions devant le Mort-Homme.

Ainsi, la bataille changeait de face. Les Allemands, devant ce progrès, ont essayé de réagir. Ces réactions, qui ont désormais un caractère de défensive-offensive, ont été au nombre de trois. Le 11 avril, ils ont attaqué entre Douaumont et Vaux ; le 17, ils ont attaqué sur tout le centre, dans le secteur de l’ancienne masse de choc, entre la Meuse et Douaumont ; le 19, ils ont cherché une diversion lointaine vers les Éparges, Aucune de ces tentatives n’a donné de résultat.