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à la baïonnette, exterminée à coups de grenades dans les maisons où elle s’était réfugiée. Le 2e et le 3e bataillon, passant à l’Est du village, étaient venus, au Sud, attaquer la croupe qui porte le fort de Vaux ; mais, à courte portée, ils sont balayés par nos feux et refluent en désordre. Dans cette journée, le 19e régiment a subi des pertes effroyables. L’attaque, reprise le lendemain, a de nouveau échoué sur les pentes du fort. Le seul résultat que purent obtenir les Allemands fut de prendre la partie Est du village de Vaux, et, au Nord, l’éperon d’Hardaumont. Pour un pareil effort, ce gain représentait un terrible échec.

Leurs récits déclarent que, depuis ce moment, le front est stabilisé sur la rive droite et qu’on y est retourné à la guerre de positions. Cependant, le 16 et le 18, ils faisaient sur Vaux une nouvelle attaque qui échouait. Ainsi, à l’Est de la Meuse comme à l’Ouest, la bataille d’ailes était manquée.

Vers le 22 mars, l’armée de choc aux deux tiers anéantie, l’armée du Kronprinz elle-même, épuisée sans avoir obtenu aucun résultat essentiel, la bataille était bien perdue. Une longue trêve suivit, du 22 au 28 mars. Mais abandonner Verdun serait pour les Allemands l’aveu d’un tel désastre qu’ils ne voulurent pas considérer la partie comme finie.

Ils avaient amené de nouvelles forces encore : la 192e brigade parait sur la rive gauche ; — trois divisions au centre (121e, 58e et 19e de réserve) viennent avec la 113e remplacer le XVIIIe et le IIIe corps définitivement hors de combat ; une division venant de Russie est signalée à la gauche ; et, le 28 mars, commence une troisième bataille. Elle débuta sur la rive gauche. Nous avons vu que, de ce côté, les Français tenaient en février une avant-ligne Avocourt-Forges, derrière laquelle se dressaient les deux piliers de la ligne principale, la colline 304 et le Mort-Homme. Les Allemands avaient forcé l’avant-ligne aux deux bouts, à l’Est par Forges (6 mars), à l’Ouest par le bois d’Avocourt (20 mars). Il devenait dès lors inutile de faire tomber du front la partie centrale de notre avant-ligne. Maître des extrémités, l’ennemi pensait se porter directement de là sur les positions principales, de Forges par le bois des Corbeaux sur. le Mort-Homme, du bois d’Avocourt sur la colline 304. Mais ces tentatives avaient échoué le 14 et le 22 mars : le Mort-Homme avait résisté et la colline 304 n’avait pas même pu être attaquée.