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la colline 265 et la divise en deux par le sommet ; arrivée devant la colline 295, au contraire, elle s’infléchit et la contourne par le Nord-Est. Le 14 mars, les Allemands attaquèrent. Ils emportèrent la cote 265, mais échouèrent devant la cote 295, qui a le commandement et qui est la clé de toute la position. Le 16, ils renouvelèrent l’attaque et échouèrent de nouveau.

lis essayèrent alors de prendre nos lignes de la rive gauche par l’autre bout ; au lieu de les forcer par la droite et de prendre le Mort-Homme, ils essayèrent de les forcer par la gauche et d’enlever la colline 304. Le couvert le plus rapproché de cette colline est cette corne Sud-Est du bois d’Avocourt, que nous occupions ; c’est en même temps la direction par où elle se prête le mieux à l’escalade ; on y accède de là par une longue rampe, nue à la vérité, mais sans coupures et sans obstacles. Le 20 mars, le Kronprinz lança sur le bois d’Avocourt une division fraîche, la 11e bavaroise, un corps d’élite qui avait fait toute la campagne d’été en Galicie et en Pologne dans la phalange Mackensen. Elle attaqua avec des liquides enflammés et s’en empara ; mais quand elle voulut déboucher vers la colline 304, et qu’elle apparut en terrain nu, elle fut prise sous de tels feux croisés qu’elle y dut renoncer. Les trois régimens de cette division, d’après des chiffres communiqués au colonel Feyler, ont perdu, du 20 au 22 mars, de 50 à 60 pour 100 de leurs effectifs. Après quatorze jours d’efforts, la bataille d’aile, à l’Ouest de la Meuse, était perdue.

Elle l’était pareillement à l’Est de la Meuse. Le 4 mars, le Kronprinz avait fait appel à ses Brandebourgeois du IIIe corps, qui étaient au repos depuis cinq jours, et il leur avait demandé un dernier effort pour prendre Verdun, « le cœur de la France. » Le 5 mars, il ramenait également au front la 21e division (XVIIIe corps), abîmée, comme nous l’avons vu, le 2, et qui avait été envoyée à l’arrière pour être reconstituée. En même temps, il avait mis en ligne un de ses anciens corps, le Ve de réserve, et, le 8 mars, il donna l’assaut sur la côte du Poivre, notre centre et notre aile droite, de Vaux.

L’attaque ne fut pas lancée à la fois sur tout le front de combat. Elle commença le 8 au centre de la ligne, sur un front qui va de Douaumont à l’Ouest jusqu’à l’éperon d’Hardaumont, au Nord du ravin de Vaux, à l’Est. Elle fut menée par le