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L’attaque d’ailes se déclenche le 6 à l’aile droite allemande, à l’Ouest de la Meuse, — et le 8 à l’aile gauche, dans la région de Vaux.

A l’Ouest de la Meuse, les positions françaises comprenaient une avant-ligne, formée par les villages qui bordent le ruisseau de Forges, c’est-à-dire d’Ouest en Est, Malancourt, Béthincourt et Forges ; à l’Est de Forges, la ligne allait s’appuyer à la Meuse ; à l’Ouest de Malancourt, elle se courbait au Sud-Ouest, et allait à travers bois rejoindre Avocourt ; elle nous laissait ainsi une corne de ces bois, dite bois d’Avocourt. En arrière de cette avant-ligne, était établie une ligne de défense principale appuyée à deux hauteurs, à deux sortes de piliers, la colline 304 à gauche, et le Mort-Homme à droite. En arrière de cette ligne définie par le front Avocourt-colline304-Mort-Homme-Cumières, se trouve une troisième position séparée de la première par une ligne de ravins où l’assaillant subirait des pertes effroyables, et formée par un arc concave de collines, Montzéville, bois Bourrus et fort de Marre.

Le 6, deux divisions, l’une du VIe corps de réserve, l’autre du Xe de réserve (un corps qui paraît avoir été constitué en réserve générale et qui apparaissait pour la première fois sur ce champ de bataille), commencèrent l’attaque par la droite de notre avant-ligne, qui, au voisinage de la Meuse, enfoncée de trois côtés dans une boucle formant presqu’ile, était nécessairement difficile à soutenir. L’ennemi enleva les petites garnisons qui tenaient Forges et Regnéville ; tournant alors face à l’Ouest, il trouva des ravins qui le conduisaient dans la direction de notre position principale du Mort-Homme. L’un de ces ravins, large et double, défilé aux coups venus du Sud, était tapissé d’un bois, qui fournirait un excellent couvert et une position de départ à petite distance pour les attaques sur le Mort-Homme : c’est le ravin du bois des Corbeaux ; les Allemands l’attaquèrent et, après de sanglans échecs, s’y établirent définitivement le 10 mars.

Maîtres du bois des Corbeaux, les Allemands pouvaient négliger le reste de notre avant-ligne et attaquer directement la ligne principale au Mort-Homme ; c’est une colline double ayant un sommet de 265 mètres au Nord-Ouest, et le sommet principal, haut de 295 mètres, au Sud-Est. Le massif se trouve juste sur la route de Béthincourt à Cumières. Cette route escalade