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A la droite allemande, de la Meuse à la côte du Poivre incluse, la 14e division de réserve ; elle avait perdu relativement peu de monde, 10 pour 100 de l’effectif ; son moral était bon, mais sans enthousiasme ; l’autre division du VIIe corps, la 13e, se reposait à l’arrière. — Au centre, la 21e division, jusqu’au bois Chauffour ; l’autre division du XVIIIe corps, la 25e, était en échelon en arrière. — A droite, la 113e division, qui a pris la place du IIIe corps désorganisé, et qui n’a pas encore combattu.

En Woëvre, le XVe corps a suivi du 23 au 27 nos troupes qui se replient, comme on l’a vu, sur les Hauts de Meuse. Ses colonnes avancent sous la protection d’avant-gardes fortes d’un bataillon par régiment ; il a subi ainsi quelques pertes. Ses deux divisions sont en ligne du bois Feuilla (Sud-Est de Damloup) jusqu’à Mandres, la 30e au Nord, la 31e au Sud ; chacune a deux régimens en ligne. Les deux autres régimens, le 105e et le 132e, comme nous l’avons dit, ont été détachés au IIIe corps. Le 105e a été massacré à la droite de ce corps, le 26e au bois Chauffour ; le 132e n’a pas été identifié avec certitude ; il était probablement à la gauche du même corps, devant Vaux.

Après deux jours de répit, le 2 mars, la lutte reprit sur le front de Douaumont, menée à l’Ouest par la 21e division, à l’Est par la 113 e. La 21e division, massée au Sud-Est de Louvemont, attaque tout entière sur le bois Chauffour, et s’y fait massacrer. — La 113e division attaque le village de Douaumont. De dix heures du matin à trois heures de l’après-midi, le village est écrasé d’obus. L’infanterie allemande croit la position nettoyée ; elle s’avance de deux directions : du Nord, par un ravin, et de l’Est, en descendant du fort. Les Allemands qui viennent dans ce sens sont coiffés de casques français. L’attaque est reçue par un feu de mitrailleuses qui la fauche. L’ennemi recommence une préparation d’artillerie, et cette fois il occupe le village ; un bataillon français qui le défendait se battit héroïquement ; à la gauche, la 10e compagnie, submergée par des masses allemandes de plus en plus fortes, et se sentant perdue, fonça sur elles, à coups de crosse et de baïonnette, et revint à la charge jusqu’au dernier homme. Le village pris, les Allemands essayèrent de déboucher par la sortie Sud-Ouest et d’atteindre la ferme Thiaumont, à 800 mètres au Sud. Mais une compagnie française se forme en crochet définitif, face à l’Est, à 50 mètres du village, et interdit la sortie. Le 3, la grosse artillerie française