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attaques qui ont le même sort. L’obstination est égale des deux parts. On cite quatre grenadiers français qui, dans le boyau allant de l’ancienne tranchée de tir, occupée par les Allemands, à la tranchée de soutien encore tenue par nous, abattent à coups de bombes les groupes ennemis qui se présentent, pendant plus de vingt heures ! Partout, les hommes manœuvrent comme à l’exercice. Dans les combats d’infanterie, ils ont presque toujours eu le dessus.

Mais, en fin de journée, il se produit un événement grave. A notre centre droit, l’ennemi s’empare de la Wavrille. On voit immédiatement que la position de l’Herbebois, ainsi débordée sur son flanc gauche, devient intenable. Les troupes, qui n’avaient pas cessé d’y résister, sont obligées de se replier. L’ordre arrive à quatre heures seize. Les hommes, enragés de fureur, refusaient d’obéir et voulaient se faire tuer sur place. Enfin, à la nuit, il fallut se résoudre à évacuer les positions si glorieusement défendues.

Ainsi, le 23 au soir, toute notre aile droite doit à son tour reculer ; l’extrême droite se retire de l’Herbebois sur le bois du Chaume ; les troupes qui tenaient la Wavrille se retirent sur la lisière Nord du bois des Fosses, en interdisant à l’ennemi de déboucher de la Wavrille. Au centre, Beaumont reste dans nos mains, ainsi que, plus à gauche, la forte position de la cote 344 ; mais, à l’extrême gauche, Samogneux peut être considéré comme perdu. Un régiment d’infanterie s’établit seulement en deçà du village sur la route qui mène à Vacherauville, sa gauche appuyée à Champneuville, sa droite appuyée à la cote 344, pour interdire aux Allemands de déboucher de Samogneux.

Ainsi, le 24 au matin, la ligne française s’était ployée pour ainsi dire en arc convexe. Son centre était resté en saillant, tenant toujours Anglemont et Beaumont et interdisant aux Allemands la sortie du bois des Caures. Mais les deux ailes étaient en retraite, la gauche en deçà de Samogneux, la droite au bois des Fosses et au Chaume.

La journée du 24 est la plus mauvaise. Devant notre aile gauche, l’ennemi cherche à déboucher de Samogneux, de façon à déborder la cote 344 et à la prendre à revers. Après des pertes énormes, il y réussit dans la nuit du 24 au 25. Au centre, nous réussissons d’abord une contre-attaque qui, en