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par les combats du printemps de 1915 : elle s’étendait de Mogeville à Fromezey, par l’étang de Braux et le bois des Hautes-Charrières. La seconde position s’étendait de Bezonvaux à Dieppe, par le bois du Grand-Chena.

Une troisième position était constituée par la ligne des forts et définie par le village de Bras, Douaumont, Hardaumont, le fort de Vaux, la Laufée et Eix. — Entre la deuxième et la troisième position, de la Meuse à Douaumont, s’élève une ligne de collines, qui sont, de la gauche à la droite : la côte de Talou, la côte du Poivre, la colline 378 : une ligne de défense intermédiaire avait été esquissée sur la contre-pente de ces hauteurs, c’est-à-dire sur leur revers Sud. On sait que l’organisation des contre-pentes, employée par les Anglais dans les guerres du premier Empire, préconisée en France dès 1902 par le général Piarron de Mondésir, avait été employée efficacement en Champagne par les Allemands pour leur seconde position.


VI

« Le 21 février, à quatre heures du matin, écrit le correspondant de la Gazette de Francfort, la place forte de Verdun fut réveillée de son assoupissement par un obus lourd allemand. C’était un coup de canon de réjouissance, et il signifiait le commencement des grands combats autour de la ceinture fortifiée de la place, combats qui depuis lors, malgré des interruptions locales plus ou moins grandes, se sont poursuivis en une suite presque ininterrompue (récit du 26 mars). »

Le bombardement véritable commença à 7 à 15 du matin. Ce fut une formidable avalanche d’obus de tous les calibres, depuis le 420 jusqu’au 210, en passant par le 380 et le 305 autrichien. L’artillerie au-dessous du 210 ne prit point part à la préparation, qui a été effectuée exclusivement par les grosses pièces. La densité du tir est extraordinaire. Les aviateurs français qui volent sur la forêt de Spincourt « s’accordent à dire que cette région est le centre d’un véritable feu d’artifice. Le petit bois de Gremilly, au Nord de la Jumelle, accuse une telle densité d’ouvertures de feu que les observateurs en avions renoncent à pointer sur leurs cartes les batteries qu’ils voient en action. » (Bulletin des armées, récit du 22 mars.) Ces régions, farcies de canons, ne représentent plus en effet, aux