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vues très dangereuses sur le flanc gauche de nos positions de Brabant. De plus, pour accéder à ce bois de Forges, il eût fallu qu’une attaque française s’élevât sur les glacis qui en descendent de toutes parts, glacis nus, sans un défilement, qui offrent aux défenseurs les plus beaux champs de tir. Pendant l’hiver de 1914-1915, le 15e corps français avait en vain tenté d’en approcher.

L’aile droite française avait également trouvé devant elle un observatoire très fort, composé de deux hauteurs dites les jumelles d’Ornes, dont elle avait tenté en vain de s’emparer à la fin de 1914. — Ainsi, les deux flancs de la ligne française au Nord de Verdun étaient comprimés par deux fortes positions allemandes, qui l’obligeaient à infléchir sa gauche et sa droite, tandis que le centre se bombait en verre de montre devant le bois d’Haucourt et le bois des Caures. Ces deux bois avaient été organisés par les chasseurs du colonel Driant. En avant, le village de Flabas était neutre. Une compagnie française qui avait poussé en flèche jusque là avait été rappelée.

Ce dispositif en arc de cercle Brabant-bois d’Haumont-bois des Caures-Ornes se trouvait naturellement exposé à des feux convergens venus de trois côtés : à l’Ouest, du bois de Forges ; au Nord, du bois de Consenvoye, du bois de Wavrille et de Crépion ; à l’Est, du bois de Gremilly et de la forêt de Spincourt, derrière les jumelles d’Ornes. Il est bien évident qu’une position aussi exposée ne devait être qu’une avant-ligne, qui ne pourrait être tenue devant une attaque à fond.

Le chef d’état-major général avait donc prescrit, en même temps que le renforcement de cette avant-ligne, celui d’une deuxième position, et la création de positions intermédiaires. Au total, l’organisation défensive des Français sur la rive droite de la Meuse dans la seconde moitié de février, d’après le Bulletin des armées, était la suivante.

La gauche s’appuyait sur Brabant, le bois d’Haumont et le bois des Caures, formant première position. En arrière, la seconde position était jalonnée par la ligne Samogneux, cote 344, ferme Mormont.

Le centre occupait le bois de Ville, le plateau de l’Herbebois et Ornes. La seconde position suivait la ligne Beaumont-la Wavrille-les Fosses-bois des Caurières.

La droite, dans la plaine de Woëvre, avait été déterminée