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grosse artillerie du front serbe et une partie de celle du front russe. Ces préparatifs supposent plusieurs mois de travail. Il faut donc admettre que l’idée de la bataille de Verdun a suivi d’assez près la fin de l’offensive française de Champagne.

De son côté, le commandement français n’ignorait pas ce qui se préparait. Pour ne prendre que les renseignemens les plus récens, la présence du IIIe corps et du VIIe de réserve était connue le 8 février ; le 11, le XVe corps était signalé, et l’on savait, d’une part, qu’une grande concentration de troupes était faite dans la région Damvillers, Ville, Azannes et Gremilly, et, d’autre part, qu’une puissante artillerie était massée dans le bois de Gremilly, comprenant du 380 et du 420. — En réponse, le commandement français mettait, du 11 au 16, à la disposition du groupe des armées du centre, pour renforcer la région fortifiée de Verdun, six divisions d’infanterie, six régimens d’artillerie lourde attelée et à tracteurs, enfin de l’artillerie lourde à grande puissance et de l’artillerie lourde sur voie ferrée. — Enfin, le 20 février, une nouvelle division était rattachée à la région, et deux corps d’armée étaient mis en mouvement vers Bar-le-Duc et Revigny.

D’autre part, vers le 20 janvier, le chef d’état-major général était venu visiter la région. Quelles étaient alors nos positions de première ligne ?

Elles avaient été déterminées, à la fin de 1914, par une série de combats, où nous avions fait, au Nord de Verdun, de sensibles progrès. Le 15 octobre, nous avions enlevé le village de Brabant et le bois d’Haumont. Le 21 décembre, poussant en avant entre ces deux points, nous avions enlevé la corne Sud- Est du bois de Consenvoye, et, à un kilomètre au Sud, un petit bois dit bois en E.

Mais, tandis que notre centre avançait ainsi, nos ailes s’étaient heurtées à deux obstacles extrêmement forts. A notre gauche, sur la rive Ouest de la Meuse, s’élevait devant nous une longue arête étendue d’Ouest en Est, haute de 300 mètres à l’Ouest, vers Guisy, et de 272 mètres à l’Est, vers la Meuse. Elle se terminait là par un promontoire boisé, dit le bois de Forges. Ce promontoire est lui-même fendu longitudinalement par un ravin qui constitue une position d’artillerie excellente, puisqu’elle est défilée à nos coups venant du Sud, cachée aux vues des avions par le couvert des bois, et qu’elle a elle-même des