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Pour rythmer votre souple et tranquille mouvance,
De poèmes d’Afrique au chant rude et serein,
J’ai retrouvé l’exacte et chère souvenance
Et j’ai redit pour vous leur barbare refrain.

Je vous ai caressés d’un regard d’amoureuse ;
Votre ombre restera légère à mon repos
Dont le rêve élargit son aile vigoureuse
Sur votre houle grise et large sans échos.

O palmiers, fiers palmiers, rois de la solitude,
Raison d’être d’un peuple archaïque et naïf,
Je n’ai plus rien voulu que votre multitude,
Grave, onduleuse et noble en le désert pensif !

Et je demeurerai parmi les terres blondes,
Près des puits jaillissans au murmure béni,
Ayant tout oublié des hommes et des mondes
Et comprenant enfin tout mon cœur infini.


L’EAU JAILLISSANTE


Gloire à toi, le salut au jour de l’épouvante !
Gloire à toi, sang jailli de la terre mouvante !

Chanson du jour qui brûle et cantique des nuits,
Salive de la bouche adorable des puits,

Sultane de fraîcheur, gerbe mélodieuse,
Gloire à toi qui nous es miséricordieuse !

Ame fluide et pure au goût essentiel
Que la terre embrasée offre à l’ardeur du ciel,

Ta bonté se livrait aux lèvres du Prophète ;
Celles du conquérant, au jour de la défaite,

Burent l’oubli parmi ton flot consolateur.
Ta vérité se donne au nomade pasteur