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Une étoffe de soie à peine retenue
La drape et le soleil sur son épaule nue
Mit un reflet, vermeil comme ses cheveux roux.
Elle sait ma faiblesse et connaît mon courroux.
Quand elle est la plus forte, elle m’appelle « Maître. »
Et ce n’est qu’un baiser qui pouvait la soumettre.

Elle est un vase humain porteur de volupté.
Elle est une moisson splendide de l’été.

Elle est un don sacré de l’Eden à la Terre
Et celle devant qui les mots doivent se taire,
La précieuse et chère au solitaire amant,
La hourïa tombée un soir du firmament !
O Sultane parmi les royales maîtresses,
Des fleurs du paradis embaumèrent tes tresses !

Sous le ciel embrasé du jour et de la nuit,
Libres, dans le désert lumineux où le bruit
D’une aile, d’un soupir longtemps émeut l’espace,
Nous nous aimons.

Ainsi je veux que l’heure passe !
Par le Prophète saint, par Allah tout-puissant,
Par le djeun dont le vol effleure, frémissant,
Jaloux, je veux garder mon ivresse profonde,
Ma fière liberté sous la lumière blonde,
Ma tente, mon amour, mon cheval généreux
Jusqu’au soir de mes jours, puisque je suis heureux !


LES PALMIERS


Je scanderai pour vous, palmiers où s’éternise
La vivante légende aux jardins musulmans,
Je scanderai pour vous, dans le midi sans brise,
La salutation pieuse des imans.

Gloire à vous ! Gloire à vous, ô colonnes du temple
Dont le ciel est la voûte et le sable le sol !
Gloire ! Mon beau désir avide vous contemple
Et c’est près de vous seuls qu’il a plié son vol.