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dans leurs entretiens antérieurs ; cela non plus n’est donc pas du nouveau ; mais la confirmation par les gouvernemens donne à ces mesures force exécutoire ; l’expression au moins est nouvelle, et l’on n’en peut souhaiter de plus énergique : « l’unité d’action sur l’unité de front ; « les huit Puissances se fondent et se soudent en un bloc. D’un acier très homogène, car leurs représentans précisent : « Ils entendent par là, à la fois l’unité d’action militaire assurée par l’entente conclue entre les états-majors, l’unité d’action économique, dont la présente conférence a réglé l’organisation, et l’unité d’action diplomatique, que garantit leur inébranlable volonté de poursuivre la lutte jusqu’à la victoire de la cause commune. » L’unité d’action et l’unité de front doivent ainsi s’entendre de toute la guerre, dans tous les domaines, et doivent même dépasser la durée de la guerre, dans le domaine économique.

La Déclaration de Paris le prévoit ou le laisse prévoir, en ses trois autres articles, qui ne sont que le développement de ce point : l’unité d’action économique. L’article II conserve encore une allure un peu générale, et pose encore un principe ou trace une direction : « Les gouvernemens alliés décident de mettre en pratique, dans le domaine économique, leur solidarité de vues et d’intérêts. Ils chargent la conférence économique qui se tiendra prochainement à Paris de leur proposer les mesures propres à réaliser cette solidarité. » Mais cet article renferme probablement quelque chose de plus solide ou de plus positif, de plus substantiel ou de plus matériel qu’une intention à effets futurs. Peut-être n’est-il pas défendu de soupçonner qu’on pourrait bien, entre États dont le but est le même, mais dont les ressources et les besoins ne sont pas les mêmes, avoir examiné les moyens d’accorder les ressources de l’un avec les besoins de l’autre, afin de les employer le mieux possible à l’objet commun, sur la base du Do ut des : donne-moi ce dont tu as trop, je te donnerai ce dont tu manques. Supposé, par exemple, qu’une des Puissances alliées dispose d’un outillage industriel qui lui permette de fabriquer plus de munitions qu’elle n’en consomme, mais qu’une difficulté l’arrête, le manque de main-d’œuvre, tandis qu’une Puissance voisine aurait de la main-d’œuvre en abondance, avec un outillage insuffisant, ne serait-ce pas organiser l’unité d’action économique, et par elle coopérer à l’unité d’action sur l’unité de front, — sans épithète et sans limite, — que de faire entre elles un échange, ou mieux une association, que rétribuerait une part de l’accroissement de production ? Ce serait, à coup sûr, pour les gouvernemens alliés une manière d’organiser,