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cartouches allemandes mêlées soigneusement au charbon qui devait servir à la cuisine ? Nous avons signalé ces faits, en leur temps, à l’autorité allemande,

A Dinant, dit le Livre Blanc, on tuait les soldats à coups de pierres. Ce sont les mitrailleuses allemandes fonctionnant sur les façades, qui ont fait jaillir sur les soldats des éclats de pierres.

A Namur, au palais épiscopal, les soldats se plaignaient aussi d’être, durant la nuit, assaillis de pierres ; or, une enquête sommaire établit, — si incroyable que puisse être le fait, — que des sentinelles apeurées prenaient pour des pierres des poires murés qui tombaient des arbres !


L’évêque dénonce avec énergie la lâcheté de l’armée allemande rangeant les civils devant elle pour s’en faire un bouclier vivant contre les balles françaises :


A un notable qui protestait contre cette violation criante du Droit des gens, l’officier se borna à répondre : « J’ai des soldats à protéger ! »

Le lendemain matin, une dame que les soldats voulaient empêcher de se mettre en sécurité, osa dire à l’officier : « N’ètes-vous pas honteux d’exposer ainsi des femmes et des enfans ? » Et lui de dire : « Si notre sang doit couler, le vôtre peut bien couler aussi ! »

Ces faits nous rappellent l’aveu que nous faisait, il y a quelques mois, un officier allemand : « Cette guerre n’a rien de chevaleresque. Il faut reconnaître que nous, Allemands, nous avions une culture supérieure. Mais il est triste de dire qu’à peine la guerre déclarée, il n’en restait plus rien. »


Autres mots d’officiers allemands :


A un groupe d’otages des deux sexes rangés près de la brasserie d’Anseremme, un officier dit : « Si les Français tirent encore, vous y passerez tous ! » (Ils y passèrent.) Et l’officier même qui a ordonné cette fusillade, barbare entre toutes, avait, peu d’instans avant l’exécution, tenu aux victimes le langage suivant : « Vous tous, francs-tireurs et autres, vous avez tiré sur nos soldats. Si les Français tirent encore une seule fois, tous sans exception, hommes, femmes et enfans, tous vous serez tués. »


Que dire des mises en scène terrifiantes organisées pour augmenter les souffrances des survivans ? Un seul trait, à titre d’exemple : Le lundi dans l’après-midi (24 août), un cadavre allemand a été plusieurs fois placé et déplacé, afin qu’on pût dire à des groupes successifs de vieillards, d’infirmes, de femmes et d’enfans, tenus durant des heures sous la menace de la mort : « Voilà votre œuvre ! »

Enfin, quelque horrible qu’elle soit, une chose paraît certaine, c’est que le sac de Dinant était prémédité. Mgr Heylen invoque sur ce point une série de témoignages « qui seront