Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/779

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en feuilles de cuivre découpé, estampé ou repoussé. Cette production réclamait un outillage considérable. Des maisons suisses (Turgi, le Phare) ont présenté à notre Foire des articles qui luttent avec avantage contre les similaires allemands. Les armatures ou lanternes étanches pour lampes demi-watt étaient aussi, avant la guerre, exclusivement allemandes ; elles sont fournies aujourd’hui par deux maisons françaises (Société Pétrier, Tissot et Raybaud, de Lyon, et Grimmeisen, de Paris). Il en était de même pour la lampe de poche que nos soldats du front ont si souvent réclamée ; plusieurs de nos industriels la fabriquent désormais. Enfin, l’Allemagne se faisait une spécialité des appareils de chauffage électrique : fers à repasser, bouilloires, radiateurs, réchauds, etc. On les trouvera maintenant en France, ainsi que les isolateurs à haute et basse tension, les interrupteurs, coupe-circuits. Les spécialistes nous affirment qu’après la guerre, la France aura cessé d’être tributaire pour tout l’appareillage électrique, à haute ou à basse tension ; le développement de firmes comme la firme Maljournal et Bourron prouve que le pays produira lui-même tous ses alternateurs, transformateurs, moteurs et les appareils s’y rapportant. Nous croyons même savoir que les verriers français se sont déclarés en état de remplacer, à bref délai, la verrerie austro-allemande. Et ce ne sera pas, pour notre industrie, l’une des libérations les moins sensibles.

C’est peut-être le lieu de dire aussi les efforts de notre bijouterie française pour organiser la lutte contre l’industrie allemande de Pforzheim. A Lyon, dans le Palais de la mutualité, spécialement aménagé à son usage, elle a présenté la petite joaillerie avec calibrage en pierres fines de couleurs ; les étuis à cigarettes en argent ; les fermoirs de sacs, spécialité allemande ; les extensibles pour bracelets-montres ; d’une façon générale, la bijouterie à bon marché. On sait que notre bijouterie nationale rencontre, pour lutter, à l’extérieur, contre l’invasion allemande, certaines graves difficultés qui résultent du régime de la garantie. Le gouvernement a le devoir de saisir au plus tôt le Parlement d’un projet de loi qui mette fin, par des solutions précises, aux entraves qui enserrent notre commerce d’exportation.