Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/775

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pur, semblables à celles où les compagnons d’Ivan le Terrible buvaient la bière, la braga et la boisson tirée du miel doré...


LES INDUSTRIES FRANÇAISES

En ce qui concerne l’effort industriel français, on nous saura gré de ne pas dresser un catalogue. Si nous voulions tout embrasser, nous risquerions de tomber dans la plus sèche nomenclature.

Dans l’intérêt de tous, pour montrer la vitalité et la puissance de notre génie industriel, il nous semble préférable de ne choisir que certains faits, empruntés à des catégories très différentes de production.

Le premier de ces exemples, nous le demanderons, parce qu’il nous a paru plein de sens, à notre métallurgie qui, elle aussi, travaille de tous ses moyens pour la Défense nationale.

On pouvait craindre que notre Creusot (établissemens Schneider et Cie), dont nous sommes si justement fiers, n’invoquât ses lourds devoirs de guerre pour se dérober à notre invitation. Mais il nous a compris ; il est venu et, si certains documens présentés par lui nous rappellent ses conquêtes dans l’ordre militaire, par exemple, ses efforts heureux, à l’usine de la batterie des Maures, pour lutter contre la spécialité autrichienne des torpilles automobiles, s’il mentionne avec orgueil qu’il a fait construire par les chantiers de la Gironde le plus grand voilier du monde, la Finance, cinq mâts de 10 000 tonneaux, muni de moteurs à pétrole de 1 800 chevaux ; — à Lyon, il a voulu présenter surtout ses travaux et ceux de ses filiales dans l’ordre civil. Là aussi, l’Allemagne est directement attaquée. La Société d’outillage mécanique de Saint-Ouen (usines Bouhey et Farcot) oppose son outillage, grand et petit, raboteuses, tours, fraiseuses, aux productions allemandes de Schiess. Et voici que la Société d’optique et de mécanique de haute précision, dont les usines parisiennes ont été terminées en pleine guerre, s’insurge contre le trop fameux monopole des Goerz et des Zeiss. Ai-je tort ? Devant ces deux vitrines, où voisinent le plus petit et le plus gros objectifs qui aient été fabriqués jusqu’à ce jour, près de ces objets dont l’apparition nous libère enfin, j’éprouve une émotion profonde ; et, puisque les spécialistes m’affirment que la supériorité nous est désormais acquise,