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surtout, en soieries. On y achète les pelleteries, les cuirs, les métaux. Les Allemands, en particulier, y apportent soit les martres « zubelines, » hermines, « loups cerviers et bellettes noires, » soit le fer blanc et le fer noir en feuilles, l’acier, le cuivre, l’airain, le fil de laiton, « les coppes d’acier. « Il se vend aussi des bois, des plumes d’autruche, des éponges, des laines et du coton, de l’ambre gris, du bois pour la teinture, des armes, des instrumens de musique, de la mercerie, de la poterie, de l’orfèvrerie ; toutes les marchandises connues figurent là, chaque année. On célébrait surtout la librairie et la soierie de Lyon. Ces marchés eurent une action profonde sur la vie même de la cité, sur l’organisation du commerce français. La Foire actuelle se tient le long du Rhône ; les Foires anciennes occupaient les rives de la Saône. Le marchand s’installait sur le sol ou dans de petites boutiques, ou même dans les hôtelleries. Nous avons conservé le nom de quelques enseignes : « Aux trois croissans. — A la coupe. — A la cage. — Cheuz la papesse. — Au château de Milan. » Le développement de la banque suivit le développement des Foires ; les paiemens se faisaient à la Loge des Changes. De toute façon, la vie surabondait à la faveur de ces marchés. La fin du XVIe siècle vit décroître cette institution si longtemps florissante à laquelle notre cité doit tant.

Ainsi, lorsque, en l’année 1915, au plus fort de la guerre contre l’Allemagne, quelques Lyonnais, auxquels un citoyen suisse s’était joint, s’avisèrent de créer une Foire d’Echantillons, ils ne faisaient que reprendre, après un intervalle de trois siècles, une institution essentielle de leur ville. Ils comprirent, par bonheur, que des temps nouveaux voulaient une nouvelle institution.

C’est le 7 juillet 1915 que la Ville et la Chambre de commerce de Lyon lançaient leur premier appel aux participans. Quelques mois après se fondait, en vue de la direction financière de l’entreprise, la Société lyonnaise pour le développement du commerce et de l’industrie en France, au capital de trois cent mille francs [1]. Les appuis et les concours ne nous ont pas

  1. Parallèlement au Conseil d’administration de la Société, un Comité fonctionne qui a préparé et qui administre l’entreprise. On nous permettra de citer le nom des hommes de toute origine, de toute opinion, qui ont donné sans compter leur temps et leurs forces pour assurer le succès de la première Foire française : M. Arlaud, citoyen suisse, MM. Biron, Faurax, Fougère, Mermillon, conseillers généraux ; MM. Victor, Gourju, Peillod, Rambaud, Robin, Tribolet, Thévenon, Vial, conseillers municipaux ; MM. Lignon, Rivoire, Barret, Perrin, Richard, Robatel, Brunier, Coquard, Péronnet. membres de la Chambre de commerce ; M. Cabaud, consul impérial de Russie ; M. Bovagnet, président du Comité républicain du commerce ; M. Bonnier, président de la Chambre de commerce de Vienne ; M. Tavernier, président de la Chambre de commerce de Saint-Étienne ; MM. Guichard, Payen. Pétrier, Thivet, président et membres de la Ligue de défense des intérêts français ; M. Chalumeau, ingénieur en chef de la ville ; M. Meysson, architecte en chef ; M. de Watteville, banquier.